"Tu es un garçon bien" ... parait-il ... (2/2)
Comme il y a 24 ans, il a écouté, j’ai pleuré, il a tenté de trouver une solution là où il n’y en a pas, j’ai expliqué avec froideur comment je regardais ma déplorable situation. Je m’attendais à ce que ce fut difficile, je n’ai pas été déçu.
A ce jour, il est le seul qui sait exactement par où je suis passé, quels chemins j’ai emprunté et surtout à quel point j’en ai été altéré définitivement, irrévocablement, inexorablement. Et c’est son regard que je suis venu chercher finalement. C’est son regard que j’ai croisé, empli de sa bienveillance, de sa volonté de m’aider.
Qu’en est-il ressorti de tout ça ?
- Tto, tu sais je vais te dire ce que je pense de tout ça …
- …
- Je pense que tu es un garçon très généreux qui a besoin de partager et là, tu te trouves face à une situation où tu voudrais tellement sans y parvenir que cela te fait sombrer
- Je pense que ce n’est pas exact. J’ai, certes, besoin de partager mais j’ai surtout besoin de donner
- Appelle cela comme tu le veux. C’est finalement ta paternité à toi … Tu m’as expliqué tout à l’heure que tu t’es posé la question il y a quelques années, tu as trouvé une réponse et par réaction, tu t’es jeté dans quelque chose pour pallier. Mais ta paternité, c’est une forme de don tu sais … Que crois-tu que je fasse ? Un curé, ça n’a pas vocation à être père et pourtant … je suis fier de ce que je fais tous les jours en donnant, en construisant à force d’écoute et de don. Chaque réussite et chaque progrès sont mes enfants à moi …
- Oui, probablement que pour moi c’est pareil …
- Je le pense. Mais tu veux aussi recevoir, ce qui est humain. Sauf que tu attends de recevoir d’un côté et refusant ce qu’un autre côté te propose …
- C’est ça …
- Oui mais je sais aussi que tu es un garçon bourré de qualités dont celle de ne jamais lâcher, d’être lucide et d’avoir faim de vie. Je sais aussi que tu ne me décevras pas.
Nous sommes allés manger une pizza, nous sommes remontés chez lui. Il m’a parlé d’un livre et m’a raccompagné jusqu’à ma voiture. En me congédiant, j’ai vu dans ses yeux toute la tendresse d’un père pour son « fils ». Pas d’embrassade mais ces jolies paroles que furent « Prends bien soin de toi et tiens moi au courant. Accroche-toi, tu vas y arriver. Je pense beaucoup à toi. »
En pleurs, j’ai appuyé sur le champignon …
Tto, qui a passé l’une des soirées les plus importantes de sa vie