Les primaires à la sauce maternelles

Ce qu'il y a de bien, c'est qu'on n'est jamais déçus ! Que ce soient les journalistes, les caciques ou les premiers intéressés, tout le monde y va allégrement dans un grand foutoir conceptuel et politique général qui ferait rire s'il n'était pas tragique et annonciateur d'un crépuscule dont le parti d'extrême-droite qui peine à se ripoliner entend se repaître prochainement ... Oui vraiment, s'il est connu que je n'aime pas faire de raccourcis en la matière ni me joindre aux réquisitoires populistes, il n'en demeure pas moins vrai qu'au sortir de ce dernier wikende, j'ai été quand même ahuri !

Au terme d'une semaine qui aura vu un remaniement qui conjugue les reniements les plus honteux de la part des donneurs de leçons écologistes qui pourfendent l'action de leurs alliés mais qui avalent facilement et goulûment des chapeaux jamais trop gros pour accrocher un portefeuille, il y a eu le wikende Les Républicains où ce pauvre Nicolas Sarkozy a pu mesurer toute l'âpreté de la tâche consistant à masquer la décomposition de son parti.
Après l'épisode sidérant de la primaire à gauche qui serait censée contraindre le Président de la République à en passer par là, plus rien n'est finalement anormal.

Mais finalement ... c'est toujours un peu de la même chose dont on parle. Tout tourne même autour du même problème qui ronge la politique et les politiques qui n'ont pas compris que le Front National n'a plus rien à faire que de laisser les choses se déliter devant les yeux effarés des électeurs tétanisés de vanités. Parce que c'est bien de cela dont il s'agit : la vanité.

Sosthène de la Rochefoucauld-Doudeauville écrivit que "la sottise et la vanité sont deux soeurs qui se quittent peu" ... Emmanuelle Cosse, Jean-François Copé, Nadine Morano comme d'autres n'en sont qu'une navrante illustration.

Prenons le remaniement ... Emmanuelle Cosse a réussi à faire encore mieux que Cécile Duflot dans le clientélisme et le discrédit de sa propre parole politique en invalidant, en un seul oui donné au Président de la République [qui a bien raison de ferrer ainsi une proie pareille pour la neutraliser], tout son discours militant dont, déjà, les caricatures intrinsèques affligeaient davantage qu'elles ne suscitaient de considération. Pauvre écologie que celle-ci d'être servie par de tels fantassins moralisateurs qui s'essuient les pieds sur les principes savonarolesques décochés aveuglément à l'encans. Jean-Vincent Placé, dans le pire, est finalement moins ridicule.

Et comme la Gauche a décidé de se donner les moyens de disparaître définitivement des institutions, pourquoi ne pas exiger qu'un primaire soit organisée pour désigner le candidat de cette partie de l'échiquier politique ? Bah oui ... pourquoi pas ? Ce n'est pas comme si François Hollande n'avait pas été désigné par le PS en 2012 et qu'il n'avait pas été élu ! Ah mais François Hollande fait une politique de droite et il a trahi l'idéal socialiste peut-on lire ici et là de la part de ceux qui rougissent de slogans aussi inconséquents qu'abscons. François Hollande serait même pire que Nicolas Sarkozy ...
Là dessus, je suis bien d'accord avec Manuel Valls [oui oui, ça arrive] : ceux qui disent cela n'ont pas beaucoup de mémoire ni vraiment le sens des réalités. 
Mais comme des trentenaires ambitieux ont décidé de faire parler d'eux et de s'appuyer sur Libération et autres pour lancer une proposition aussi saugrenue que celle de contraindre le Président de la République en exercice à se livrer à une primaire, voilà où l'on en est ... Demander à François Hollande de s'inscrire dans une logique de parti alors qu'il est encore en fonction et raccourcir encore davantage le temps politique, le quinquennat étant à cet égard un cancer avec métastases que l'on n'a pas fini de payer. Bien sur, il ne peut en être question et c'est vraiment inepte que d'agiter un tel chiffon rouge qui ne sert à rien, sinon à flatter la vanité des "intellectuels de gauche" qui ont eu l'idée aberrante de proposer une sottise pareille. Au moins, on parle d'eux, il n'y a que cela qui leur fait plaisir à défaut de maintenir leur camp au pouvoir.

C'est finalement la même logique à droite où la vanité gouverne toutes les candidatures à la primaire de novembre 2016. On a bien compris que Fillon et Juppé en seront. Christine Boutin a sorti de son chapeau le représentant de son micro-parti réactionnaire et fascisant. Hervé Mariton et Nadine Morano chassent sur les mêmes terres conservatrices pour accrocher la fange droitière du parti laissée en jachère par Sarkozy depuis la trahison innommable de Patrick Buisson. Et là ... dimanche soir et alors que le Président de son parti est l'invité du JT de TF1, Jean-François Copé [le brillant prédécesseur dudit Président qui a réussi à quasiment mettre en liquidation l'UMP, lui faire perdre une élection interne et faire peser sur lui un nombre au moins équivalent de soupçons affairistes] nous explique que puisqu'il est lavé de toutes accusations dans l'affaire Bygmalion, il sera donc candidat à la primaire ! Pour quoi faire ? Par vanité ? Par vengeance à l'endroit des sarkozystes qui l'ont trucidé 20 mois plus tôt ? Les deux mon capitaine ... Qu'il propose quasiment la même chose que Sarkozy [candidat putatif comme chacun s'en doute] est anecdotique, c'est la vanité qui le guide ... lui qui s'égosille à nous expliquer qu'il a changé alors que tout le monde sait qu'il n'en est rien. C'est d'ailleurs la seule honnêteté de Jean-François Copé : celle d'afficher clairement qu'il nous prend pour des imbéciles à chacune de ses déclarations ... mais lui y croit encore.

Ces primaires ne sont finalement pas un surplus de démocratie mais achève la Vème République en gonflant davantage la vanité de ceux qui font fonctionner les institutions considérées. Oui les primaires chauffent les bas instincts de ceux qui se croient un destin et jouent avec le processus pour s'assurer un avenir politique à raison du score qu'ils feront. Qu'importe si c'est pour dire n'importe quoi ou nuire à leur camp, leur vanité ne sera flattée qu'en considération du score qu'ils feront même si c'est sciant la branche sur laquelle tout le monde est assis. Et qu'on ne vienne pas me dire que ça marche très bien aux États-Unis : comparaison n'est vraiment pas raison surtout quand on voit que ce système permet de faire émerger Donald Trump ! Surtout ... il faudra rappeler aux partisans des primaires qu'à la différence des États-Unis, l'élection présidentielle française compte deux tours ... et ça, ça change tout !

Tto, qui pense pour la première fois qu'on arrive au bout des institutions actuelles

Comments

[jerem]

Ils pensent tous que Marianne est leur putain de service et comment en serait-il autrement puisque les Français laissent faire ?

[Nicolas Désabusé]

...

[Christophe]

Tto président !! :)