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une vie de tto
4 février 2015

Le plein de paternité

STARBUCKHier soir, j'ai fait le plein ... A la faveur d'un programme indigent à la télé, on s'est tourné vers un film que nous voulions voir depuis quelques temps, après avoir vu il y a quelques temps la cérémonie des Jutra qui avait consacré dans les grandes largeurs ce long-métrage.

Il faut dire qu'hier, j'étais tellement à ramasser à la petite cuillère qu'il fallait nécessairement un bon film pour m'extraire ... "Starbuck" est un bon film qui s'approche même du très bon.

L'histoire est hyper simple : alors qu’il s’apprête à être père, David Wosniak, éternel adolescent de 42 ans, découvre être le géniteur anonyme de 533 enfants déterminés à le retrouver. Plus simple, c'est pas possible. Et pourtant, de ce postulat va découler tout un tas de situations cocasses mais aussi fraîches et émouvantes. Je n'aime pas le dire à tout va mais "Starbuck" est vraiment un "feel-good movie", un film qui fait que tu oublies tout ce qui se passe de moyen dans ta vie, un film qui te fait dire que oui tout est possible finalement, un film qui donne envie d'être papa, un film qui fait voir les choses autrement le temps que la pellicule déroule et fasse évoluer les personnages joués de façon assez juste.

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Qui plus est, la distribution est bien faite et parfois un régal pour les yeux ...
Mais l'intérêt est ailleurs et consiste finalement à se dire que malgré une branlette dans une salle froide et impersonnelle qui atterrit dans un bocal en plastique, il y aussi parfois un sentiment qui dépasse ce geste futile et adolescent pour beaucoup. Et que dire s'il est multiplié par 533 !

Outre que cela renvoie à plein de choses, au fait que donner son sperme contre quelques dollars peut disqualifier l'ambition de fournir à des couples la semence leur permettant d'accéder, par substitution, à la paternité, il n'en demeure pas moins que le personnage principal du film se découvre lorsque lui tombe dessus ces 533 enfants, il mûrit à la vitesse de l'éclair lui était englué dans un quotidien adolescent de looser absolu qui accumule les affres et autres déconvenues. A 42 ans, il est temps me diras-tu mais qu'importe ... la métamorphose est sublime.

Finalement, les 110 minutes du film sont passées vite mais pas superficiellement parce que je me suis interrogé. Et si je l'avais fait ? Jadis, j'avais eu envie d'aller donner mon sperme pour rendre service et puis, bêtement et parce que j'étais passé à autre chose comme cela arrive lorsque l'on a 20 ans, j'avais renoncé. Mais si je l'avais fait ... comment aurais-je géré ce sentiment d'être le papa de quelqu'un quelque part, comment faire en sorte de me sentir un peu responsable de l'inconnu comme un indivisaire de l'humanité que j'aurais contribué au gré de quelques millilitres à perpétuer. C'est finalement la question de ma propre paternité qui se pose à intervalles réguliers, comme une lancinante question à laquelle le temps s'occupe au fur et à mesure d'apporter une réponse négative et inexorable à mon grand regret.

J'alterne des périodes où j'en ai envie, où je me projette à me dire que je réussirai à élever un enfant qui aura deux papas et qui ne trouvera pas ça autrement que naturel puisque l'essentiel est d'avoir l'amour qui permet de grandir et non le cadre qui rassure. Et parfois, je reviens à ma première impression d'être épouvanté par la responsabilité en découlant moi qui n'arrive déjà plus à gérer ma vie chaque année davantage.
Dernièrement, Zolimari et moi nous sommes soulagés à nous dire que ce n'était pas une question qui pouvait nous séparer : si cela pouvait être possible, nous irions malgré toutes les difficultés, malgré la déstructuration que cela impliquera, malgré l'Himalaya d'emmerdes auquel nous serions condamnés. Tout est dans le possible, lui étant revenu de l'impossibilité qu'il avait décrété à raison de sa sexualité et du problème biologique en résultant. Moi, je regarde passer les semaines en me disant qu'un jour, la question ne se posera plus mais que ce ne sera pas grave parce que finalement, la vie n'est pas foutue pour autant. L'essentiel est de savoir qu'on en avait envie simultanément.

"Starbuck" m'a renvoyé à tout cela, m'a propulsé vers cette découverte de l'autre avec lequel on partage tellement que cela en est indéfectible. A un moment où j'assiste impuissant à une implosion familiale, je dois t'avouer que le paradoxe est pour le moins déstabilisant. Mais comme confusion n'est pas fusion, comparaison n'est pas raison non plus et je garde les impressions de ce film pour ce qu'elles sont. J'ai pleuré encore une fois, pleuré de me dire que ce mec découvre qu'il est père, qu'il ne peut le dire à ceux qui cherchent tout de même à savoir et qu'il s'investisse en ange gardien de ses enfants m'a fait pleurer [je pleure comme Meg Ryan devant les films, c'est insupportable !]. Le pire, c'est ce pas qu'il fait vers l'un de ses fils handicapés avec lequel toute communication ne peut plus être verbale.

Ouais, tu écrases ta larme mais c'est de la "feel-good" larmichette, celle qui fait qu'on dépasse la médiocrité ambiante pour quelque chose qui nous dépasse, celle qui relègue les jérémiades et râleries ineptes au rang insignifiant où se trouve leurs auteurs qui restent néanmoins persuadés de leur intérêt et de leur utilité stérile. "Starbuck" fait du bien parce qu'il éclaire le lien paternel, celui que j'ai retrouvé avec mon père après l'avoir tant détesté comme s'il avait fallu se perdre pendant si longtemps pour se prouver qu'en bonnes têtes de cons que lui et moi sommes, ne rien nous avouer est inversement proportionnel à l'amour qui nous unit.

Tto, qui aime beaucoup ce film

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Commentaires
C
Vous pouvez m'adopter si vous voulez :)
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T
> McM : J'en suis également persuadé ...
Répondre
M
Je suis convaincu qu'avoir 2 papas ne posent pas de problème. Cela dit, avoir 1 ou plusieurs enfants est une responsabilité de tous les instants parfois très dure à assumer.
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