Le salut ne naît-il que de l'alternance ?
Bonjour Dr Love,
Une question me taraude l'esprit depuis quelques temps déjà et je pense que tu auras une réponse. Je voulais savoir si une relation entre deux homos, ayant tous les deux un penchant pour être actifs durant les séances de sport en chambre, avait une chance de prospérer dans l'avenir ? Merci. Un patient qui attend ta réponse ;-)
Cher patient qui ne l’aura pas été tant que ça, du moins l’espère-je …
Cette question est intéressante et fait l’objet de bien des avis partagés, ce qui justifie qu’il soit nécessaire voire opportun de sacrifier à la réponse que voici, ne serait-ce que pour prendre position sur l’épineuse question de savoir si une relation est durable et prospère entre deux homosexuels qui, s’agissant de pénétration anale, choisiraient d’adopter exclusivement un rôle identique.
Tout d’abord et à titre liminaire, on rappellera qu’entre deux personnes homosexuelles, hommes ou femmes, de même qu’entre hétérosexuels, la norme d’un rapport sexuels ne procèdent pas exclusivement d’une pénétration anale ou vaginale. En effet, la pénétration peut aussi être buccale. En outre, d’autres jeux sexuels peuvent se substituer à un rapport.
Cela étant, puisque la question semble porter sur le rapport induisant une pénétration (sinon la précision actif/passif eût été superfétatoire), nous allons aller plus avant dans la problématique.
Que ce soit entre un homme et une femme, entre deux femmes ou entre deux hommes, la pénétration est une figure classique du rapport sexuel qui suppose une répartition des rôles biologiquement moins conditionnée dès lors qu’il s’agit d’un rapport homosexuel. Aussi, l’un de deux protagonistes sera le/la pénétré(e) et l’autre le/la pénétrant(e). Notre lecteur étant un garçon et pour la simplicité de l’explication, nous contextualiserons uniquement sur les rapports entre mâles.
Traditionnellement, il est récurrent d’interroger et de trier les homosexuels selon leurs affinités à être actifs (donc pénétrant) ou passifs (pénétrés), étant ici précisé que nombre d’homosexuels sont autant l’un que l’autre et donc qualifiés de « réversibles » ou « versatiles ». Pour eux, la question qui nous est posée aujourd’hui est finalement aussi indifférente qu'une glause HALIEUTIQUE sur la palangrotte ou les avantages et incovénients d'une pêche aux traintants ou aux dormants. Outre le cas spécifique des personnes adaptables, on remarquera aussi que rares sont les individus qui conservent toute leur vie une stricte exclusivité de pratique : les passifs deviennent parfois actifs et les passifs se laissent parfois aller aux plaisirs d’une passivité nouvelle. Le problème surgit lorsqu’au sein d’un couple, les deux garçons souhaitent une pénétration en optant de façon exclusive pour le même rôle au cours de ladite pénétration.
Dans cette hypothèse et pour ce qui concerne des relations qui dépassent le stade de l’amour de vacances (donc au moins un trimestre), la question est donc de savoir si le couple peut durer ? La réponse est évidemment oui pour plusieurs raisons :
1) La préférence actif/passif n’est pas définitive comme précisé plus haut et seul un obstacle physiologique interdit raisonnablement d’envisager une inflexion de l’un ou l’autre vers la passivité ou l’activité.
2) Le dialogue primordial dans un couple doit amener également à un recadrage de la situation, soit pour aboutir à une relation sexuelle qui ne passe pas forcément par une pénétration anale de l’un ou l’autre, soit par une alternance permettant, à l’un et l’autre, de prendre du plaisir sans pour autant que ce soit un supplice pour le partenaire. On rappellera en effet que de nombreux produits (gels et dilatateurs notamment) existent de façon à rendre la pénétration moins douloureuse.
3) La solidité d’un couple n’est pas exclusivement conditionnée par la seule qualité des relations sexuelles entre les deux partenaires. En effet, si le sexe demeure un carburant essentiel du couple, il n’en est pas le seul pour autant et il est possible de trouver, de conserve, les moyens de substituer à la pénétration anale d’autres formes de jouissance et de plaisir qui seront de nature à permettre de remplir le rôle jusqu’alors dévolu à la pénétration.
Enfin, si le couple a démarré avec la concordance de rôle, on pourra s’interroger sur le fait que les bases ayant présidé à l’essor de la relation ne puissent continuer à prospérer et cela seul le dialogue permet d’en circonscrire les éléments.
En revanche, si la question vient à se poser à raison d’un changement de l’un des partenaires, il y a là aussi un effort à faire pour comprendre la variation et trouver les moyens de s’y adapter.
Cela étant, le couple est une plateforme de dialogue et d’échange. Le dialogue pour comprendre, l’échange pour l’équilibre. Et s’il n’est pas de dialogue ni d’échange dans le paroxysme du couple qu’est la relation sexuelle, il y a fort à parier qu’il n’y ait finalement pas beaucoup de couple derrière la question posée. Mais, le simple fait de poser la question dénote l’envie de trouver une issue à ce qui pourrait être un blocage (et qui ne l’est pas pour les raisons rappelées précédemment), et cette envie est le signe qu’un couple existe bel et bien.
Le Docteur a toujours une solution à chaque question …
HALIEUTIQUE : En sa forme adjective, qui a rapport à la pêche. Comme nom féminin, terme générique désignant les activités, les méthodes qui ont trait à la pêche.
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F88%2F16%2F97395%2F123761420_o.png)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F32%2F66%2F97395%2F117531420_o.png)
