Le succulent plaisir des retrouvailles esperées
Dimanche, nous étions invités chez mon Tonton ... Ah la la, famille encore famille redoutes-tu de lire ... Et bien non. Mon Tonton [qui ne veut pas s'inscrire dans ce rôle là d'ailleurs] avait à coeur de nous voir. Déjà, il m'a beaucoup aidé pour trouver le cadeau dont j'avais besoin fin avril ... Mon Tonton est photographe et passionné. Donc, c'est un peu tout naturellement que je me suis tourné vers lui, encore que ... les contacts entre nous ont été rares, trop peut-être.
Ce Tonton, j'ai une relation particulière avec lui, pour une raison très simple : bien que nous ne nous soyons pas beaucoup croisés jadis [environ 3 fois en 25 ans, de mon souvenir], je lui ressemble beaucoup au point qu'au détour de telle ou telle remarque, telle ou telle attitude, telle ou telle position, on m'a souvent dit "Oh la la, tu es l'exact portrait de ton oncle." Forcément, ça interroge ... Forcément, ça me rend curieux ... Forcément, ça m'a troublé lorsque je l'ai revu à 21 ans et que je me suis vu presque en miroir sur quelques petits détails ...
Depuis, j'ai essayé de me rapprocher de lui. Nous sommes deux ours, timides, cassants sur beaucoup de points mais d'une sensibilité qui nous rapproche beaucoup. Ce n'est pas la même mais je trouve en lui cette fragilité que je me connais et que je m'interdis d'extérioriser. C'est comme ça ...
Pour préparer cette journée [oui mon Tonton voulait que nous venions toute la journée ... parce qu'il voulait nous montrer plein de choses et nous apprendre toutes les ficelles de Photoshop], on a échangé quelques mails et au détour d'une conversation, il me balance qu'il est très intimidé par moi parce que je l'impressionne beaucoup. Autant cela me plait quand on me le dit dans un contexte particulier, là ... ça m'a beaucoup troublé. Comment entendre franchement qu'un garçon de 65 ans puisse venir dire à son neveu qu'il est trop impressionnant ? D'autant que, tu me connais, je réfute être trop brillant, trop impressionnant, trop ceci ou cela ... Appelle cela de la fausse modestie si tu veux, moi ... je sais qui je suis.
Dimanche, nous avons remis cela sur le tapis ... parce que j'avais décidé d'en avoir le coeur net.
- Oh oui ... tu est très impressionnant ...
- Meuh nan !!! J'suis pas impressionnant ... j'ai juste un peu de caractère, mais pour le reste, j'suis comme tout le monde tu sais.
- Bah moi je ne crois pas ... Tu bosses beaucoup, tu t'intéresses à plein de choses, tu as eu beaucoup de courage, tu es vif ...
- Oh la la la, arrête ... Tout le monde s'intéresse à plein de choses. C'est juste que je m'intéresse à des choses qui font écho en toi. Pour le boulot, je ne suis pas brillant. Je fais mon travail. Je ne fais de rhétorique en disant cela : j'ai un boulot qui suppose énormément de responsabilités, trop pour moi je pense. Pourtant, je suis un garçon qui se bat tous les jours pour survivre dans un univers foncièrement hostile, où on veut me faire la peau tout le temps. Ma seule force, c'est de croire que je suis plus malin qu'eux et que donc, je cours plus vite. Pour le reste, rien d'exceptionnel. Le courage enfin ... bah, j'ai une vie. Je veux la vivre pleinement, sans limites ni retenues. Donc voila ... oui, je fais des choix, j'assume tout ce que je fais. Aujourd'hui, je suis pacsé et après ...
- Rien que ça tu vois ...
- Bah quoi ? Je n'allais pas me demander 500 ans si je voulais faire quelque chose auquel j'aspirais fondamentalement ?
- Non mais je trouve qu'il faut beaucoup de courage ... Tu as tout changé dans ta vie. Tu as pris des risques énormes ...
- Je n'ai pris qu'un seul risque : être en adéquation avec ce que je voulais. Oui bien sur, j'aurais pu miser sur le mauvais cheval. Et après ?
- Ca fait mal ...
- Tout comme ça fait mal de regretter de ne pas l'avoir fait ... Tu sais, je ne suis pas exceptionnel. Je suis juste un garçon qui a accepté une règle : celle de ne rien avoir à regretter au soir de sa vie. Je fais des bêtises comme tout le monde et j'en paye le prix, comme tout le monde. J'ai la chance d'avoir dans ma main, celle de quelqu'un qui m'aime et me le dit tous les jours. C'est une force, c'est mon carburant. En cela, je ne suis pas si exceptionnel que cela : je suis juste un moteur qui carbure avec son carburant.
- Moi ... ça m'impressionne ...
- Franchement, il n'y a pas de quoi. J'ai deux bras, deux jambes, deux oreilles, deux yeux et tout le reste comme tout le monde.
- Nan mais même tout nu tu m'impressionnerais je pense ...
- Si je veux jouer le fanfaron, je te dirais que tu ne serais pas le premier mais ...
A ce moment, une troisième voix a emergé de ce dialogue en le ponctuant de la façon suivante :
"Et je confirme qu'il y a de quoi l'être, au moins la première fois ... hi hi hi"
J'ai passé un excellent moment avec mon oncle ce dimanche. Cela m'a rappelé les moments de complicité que j'avais vécu avec sa soeur ainée, ma tante décédée il y a quatre ans. Plusieurs fois, j'ai même eu le vertige de me dire que je retrouvais ces petits paradis perdus avec lui. Cela fait du bien et c'est impressionnant ...
Tto, ravi
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