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une vie de tto
17 décembre 2006

La première fois que ... j'ai enterré un animal

C'était les vacances à la campagne, le mois d'août ... celui qui veut que les jours commencent à recourcir et que l'atmosphère de rentrée s'instile peu à peu dans les têtes ... augurant du crépuscule prochain des longs moments de détente estivaux.

Comme dans chaque village, tout état d'âme, toute nouvelle plus ou moins fraiche se diffuse plus rapidement qu'une trainée de poudre qui s'enflamme.

Ce matin là, au lever, j'entendis rapidement que quelque chose s'était passé chez Edmonde ... un truc terrible, une catastrophe ... un drame. D'habitude, chez moi, ils ont la facheuse habitude de tout exagérer ... là pour le coup : ils avaient été mesurés.

[Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, j'aime beaucoup les animaux que l'on qualifie traditionnellement de domestiques. Je les trouve attachants et lorsqu'un problème les concernant vient à survenir ... je ne gère plus du tout. Par problème, j'entends naturellement une blessure grave ou tout simplement une mort. Je ne gère plus mais pourtant j'essaye de faire face : je fais comme d'habitude, je fais semblant de tout contrôler et j'attends d'être derrière le rideau rouge pour m'effondrer. C'est ma façon de gérer.]

Edmonde est une vieille dame que j'ai connu depuis que je suis tout petit : quand j'avais 3 ans, j'allais la voir chez elle en vélo pour lui dire bonjour [qu'est ce que j'étais mignon à cet age là ... comme dirait ma mère] et elle me donnait des bonbons, des petits pimousses (R) aux fruits ou des Batna (R) ... j'étais content et je rentrai en vélo (à 50 mètres de la maison de campagne). Edmone n'a, à mes yeux, jamais fait son age ... elle a toujours paru plus jeune.

Au moment de l'histoire que je vous raconte aujourd'hui, elle vivait seule chez elle, dans une petie maison presque de poupée, une maison de vieille dame toute seule ... avec un chien et une chatte toute jeune.

Ce matin là, on m'a donc raconté que Dorothée, la petite minette, était morte la veille au soir parce qu'elle s'était aventurée périlleusement dans le jardin du voisin et que le chien du voisin lui avait fait un sort. Je n'avais pas souhaité avoir plus de détails immédiatement, j'avais déjà compris que ceux-ci viendraient plus tard.

Dans la journée, je suis allé voir Edmonde, laquelle était évidemment inconsolable : imaginez la détresse d'une vieille dame qui venait de perdre son chat, celle avec laquelle elle dormait tous les soirs, la compagne quotidienne de sa vie, une jeune chatte "innoncente", je me souviens parfaitement de la phrase par elle prononcée entre les sanglots lourds de douleur : "Tu sais, c'est tellement injuste ce qui lui est arrivé. Elle était toute jeune et innoncente."

Dans le cours de l'après-midi, ma mère vint me voir, avec précaution, pour me demander quelque chose ...
- T'as vu Edmonde ce matin ?
- M'ouais ...
- Tu sais, c'est terrible pour elle ce qui se passe.
- Ben oui
- Tu te rends compte : le chien lui a écrasé les reins. Ca l'a tuée net !
- Maman, .... je t'ai demandé : pas de détails qui ne servent à rien. Là en l'occurence, je me fous de savoir comment Dorothée est morte
- Oui oui, je comprends ... Edmonde m'a demandé un service ...
- Ah ? Quoi ?
- Elle voudrait que tu fasses quelque chose pour elle ...
- Quoi ?
- Elle m'a demandé si tu accepterais d'aller enterrer Drothée dans son jardin ce soir ... Je sais que tu auras du mal, mais essaye de le faire pour Edmonde.

Quelques minutes suffirent à me décider. J'irai rendre ce service à Edmonde ce soir là. Ce sera morbide et pesant mais je me sens le devoir de le faire.

Le soir, vers 19h30, alors que le soleil commence à annoncer son prochain repos, je me rends chez Edmonde, l'air grave et un peu fermé. Elle me fait à nouveau rentrer chez elle, me raconte qu'elle ne s'en remettra jamais, que tout cela est horrible, que décidément elle n'a pas mérité tout ça ... je ne m'attendais pas à mieux.

Alors Edmonde m'invite à procéder à ce pourquoi je suis venu la voir, ce que j'ai accepté pour elle, pour tenter d'attenuer sa douleur. Nous nous dirigeons vers son petit jardin. Nous pénétrons dedans et je vois à côté du poulailler ... une boite de chaussures aussi incongrue que significative et explicite.
- Tu veux la voir ?
- Non, Edmonde, ce n'est pas nécessaire ...
- Oh tu sais, elle était tellement belle, si mignonne.
- ...
[Je la laisse se recueillir une nouvelle fois, pleurer toutes les larmes qui retsent encore ... Je détourne mon regard, mes yeux se gonflent d'eau ... je me suis promis de ne pas ... non surtout ne pas pleurer sinon ce sera encore pire.]

Edmonde revient à ses esprits, se saisit de la boite de chaussures qui renferme Dorothée et m'indique l'endroit où elle reposera. Ma mission est simple : creuser le trou.

Je m'exécute : chaque coup de pelle est presque insupportable. Quelques minutes après avoir entamé ma tahce, la mission est accomplie. edmonde dépose la dernière demeure de Dorothée dans le trou, je la laisse s'agenouiller devant elle ... les secondes qui s'écoulent sont interminables. Le dernier Au revoir prononcé, Edmonde me demande de recouvrir de terre le petit cerceuil de carton ... Je le fais consciencieusement et une fois mon lugubre travail accompli, je raccompagne Edmonde en la consolant du meixu que je peux. Je ne m'attarde pas.

Voila, c'est comme ça que ça s'est passé !

Tto, PFG

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