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une vie de tto
2 juin 2020

Black lives matter

Black lives matter 2A l'inventaire des déferlantes 2020 balayant tout sur leur passage, il faut donc désormais inscrire l'embrasement des Etats-Unis qui vivent, dans certaines villes, une situation quasi insurrectionnelle du fait des émeutes et soulèvements répondant à la mort de George Floyd. Nul besoin de rappeler les faits, il s'agit encore d'une bavure policière ayant fait en sorte qu'un homme noir est mort à l'occasion banale mais fatale d'un contrôle. 

"I can't breathe" ["Je ne peux plus respirer"] est désormais devenu un slogan, après avoir été les dernières paroles d'un homme à terre, étranglé par le genou de Dereck Chauvin pendant plus de 9 minutes, le 25 mai dernier.
Nul besoin de revenir sur le profil de celui qui semble être une caricature du sheriff blanc qui discrédite toute la police américaine, pourtant coutumière du fait puisque l'incident n'est hélas pas isolé. Les suprémacistes ont trouvé leur nouvelle tête de gondole, faisant de ce repris de justice à qui l'on a confié manifestement trop d'autorité et de pouvoir, un martyr d'une cause nauséabonde mais qui a la peau dure.

Ce qui a la peau dure, c'est aussi l'immaturité de Donald qui a vu, là, de quoi fédérer son électorat blanc, conservateur et nostalgique d'une guerre de sécession dont certains irriguent leurs veines d'une hypothètique revanche. L'époque est si troublée que tous les fantômes d'antan se sont donnés rendez-vous pour faire un tour de piste qu'on ne leur autorisait plus jusqu'à présent. Au delà de l'époque dont Trump est un symptôme sinon un stigmate, le Président des Etats-Unis ouvre sa grande gueule à tout va pour jeter de l'huile sur les braises pas déjà éteintes, menacer de déployer l'armée pour réprimer avec force et couilles auto-proclamées ces échauffourées d'hommes et de femmes qu'il méprise depuis si longtemps. Qu'on ne s'y trompe pas, Kayne West n'est qu'un alibi, une posture marketing destinée à cocher une case dans les escaliers dorés de la Trump Tower ... avec autant de consistance que les vibrantes déclarations espagnoles du Cinco de Mayo du candidat Trump. Le point commun de tout cela ? La campagne et l'adrénaline d'une victoire à portée de main.

Conspué de toutes parts pour sa gestion chaotique du Covid-19 [Anthony Fauci, l'immunologue qui est le seul pilote dans l'avion américain destiné à gérer la pandémie, a reconnu n'avoir pas échangé un mot avec Trump depuis 15 jours], Donald essaye de convaincre du faux en niant le vrai comme à l'accoutumée mais les milliers de morts pèsent lourd et les vaccins promis pour fin mars 2020 ne sont toujours pas là. Le commander in chief se débat comme un rejeton caractériel en pleine crise colérique mais rien n'y fait : avec son ami Jaïr, il a la palme du plus grand cluster mondial ... oui, pour une fois, c'est lui qui a le plus gros.
Alors, George Floyd est une opportunité de souder son camp, de montrer le chaos que les noirs promettent à cette société bien blanche et bien patriarcale qui aimerait se croire à nouveau dans la prospérité des années 1950 dont Trump lui a expliqué qu'il la garantissait. Oui mais voilà, depuis janvier, le ciel s'est assombri et l'on aura du mal à convaincre ceux qui sont dans le crépuscule que le soleil est radieux. Chômage en plein boom, faillites en cascades et déficits abyssaux, la méthode Trump cale et rien n'est plus nécessaire qu'un incident racial dont la fréquence le dispute aux averses en pleine Écosse pour mobiliser un électorat blanc qui s'inquiète. Dans le chaos généralisé, Trump se réfugie dans son bunker, tempête sur Twitter des "LAW AND ORDER" vociférants qui ne seront pas censurés cette fois-ci et se figure être le dernier rempart destiné à rassurer alors qu'en réalité il n'est que le pâle pompier pyromane qui se fascine pour le feu.

2020-06-02 (1)Sauf que cette fois-ci, on est loin d'une crise sporadique de fièvre orchestrée par des minorités en mal de visibilité ou d'accéder à l'american way of life. George Floyd est un nom de plus sur une liste tellement longue qu'elle donne le vertige, y compris à ceux qui sont blancs, qui sont pétris d'idéaux humanistes [sans que cela ne soit un gros mot comme le présuppose Eric Zemmour], qui croient encore que les mots ont un sens a fortiori ceux qui figurent dans la déclaration d'indépendance des États-Unis. 

Trump veut souder son électorat et tenter de remporter l'élection de novembre en mobilisant à l'excès les 40% d'américains un peu déboussolés et fanatiques qui gobent ses logorrhées et discours dégobillatoires comme s'il s'agissait d'un show télé comme avant. Sauf que ... on a donné à Trump l'arme nucléaire, le pouvoir et la capacité à agir. Pour lui qui était habitué à faire la pluie et le beau temps dans la Trump Tower, le terrain de jeu est fantastique. Pour ceux qui subissent ses incartades, c'est le cauchemar ... a fortiori quand il légitime les thèses suprémacistes qui encouragent un retour providentiel des guerres raciales dont on sait que le terreau est si fertile outre-atlantique.

Être noir, c'est péjoratif aux États-Unis [comme ailleurs certes, mais dans des proportions qui ne sont pas les mêmes ai-je l'outrecuidance de croire, mais j'imagine que l'on m'en fera encore le procès parce que je suis blanc], c'est même un signe d'espérance de vie diminuée soit parce qu'économiquement les incidences sont évidentes, soit parce qu'à l'occasion d'un contrôle de police à  Minneapolis, on peut y rester en dix minutes parce qu'un nazillon déguisé en "cop" veut se défouler un peu. George Floyd n'est pas le premier et ne sera hélas pas le dernier, c'est l'ADN de la société américaine qui prétend accepter toutes les minorités pour n'en privilégier qu'une seule, celle qui était arrivée avant les autres.

Le pays s'embrase donc, les chaînes d'info relayent avec stupéfaction les tentatives désespérées de maintenir l'ordre ... jusqu'à un chef de police qui demande clairement à Trump de fermer sa gueule.
L'avenir dira s'il s'agit d'un accès de fièvre ou du début d'un soulèvement plus profond et vaste comme celui des années 60. Dans quelques mois, nous verrons bien si Trump avait fait le bon calcul ou si cette tentative aura produit l'effet inverse et mobilisé enfin l'électorat noir, jeune et méprisé par Trump qui ira enfin voter et donnera une chance au pâle Joe Biden qui aura pour mission, non pas de changer l'Amérique, mais déjà de la calmer après les années de furie et de déconstruction orchestrée par Trump et ses faucons. Pour cela, il faudra aussi que Trump accepte sa défaite le cas échéant, ce qui n'est pas certain et plongerait alors la première démocratie du monde dans l'abîme et le totalitarisme le plus sidérant.

Les rues grondent aujourd'hui d'un seul slogan : "Black lives matter", les vies des noirs comptent. Nous sommes en 2020.

Tto, qui se dit qeu tout cela n'augure rien de bon

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