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une vie de tto
18 mai 2020

Déconfi...

DéconfiIl y a des signes qui ne trompent pas, et celui-ci en est un : j'ai écouté, quasiment toute la journée d'hier, de la musique que je n'avais pas écoutée depuis au moins dix ans. Comme une quête de repères ...

Le premier wikende dit de déconfinement [les esprits chagrins diront que c'est le premier des wikendes de déconfinement] aura été un peu spécial pour moi ... parce que je n'ai pas eu envie de me déconfiner. "On est des monstres quand même, non ?" m'a lancé Zolimari samedi midi dans la cuisine parce que nous n'avons pas bondi dans la voiture pour aller chez nos parents. Bien sur, j'ai eu droit à plein de coups de fil pour recueillir des explications de leur part, je n'ai répondu à aucun.

Sommes-nous des monstres de n'avoir pas voulu nous déconfiner, de n'avoir pas passé la journée dehors à brailler ou singer la vie d'avant ? Peut-être ... Ai-je un problème à appréhender à ce point le fait de devoir sortir à nouveau pour revoir cette société que je rejette ? A l'évidence, le confinement a flatté ma misanthropie et, je dois bien l'avouer, il y a des choses qui ne m'ont pas manqué.

C'est ce que je me disais, les voyant tous et toutes samedi après-midi lorsque Zolimari a tout de même réussi à me sortir pour aller faire une chasse de Pokémons. Si au bout d'une heure je suffoquais de les voir tous déambuler, si j'étais étourdi du boucan des moteurs et des cris [me disant, en mon for intérieur, que c'était mieux quand on entendait les oiseaux], j'en suis venu à la conclusion que non, tout cela ne m'a pas manqué. Sans verser dans un malthusianisme [dont, petit à petit, la légitimité fait son chemin ... tu verras], je me suis surtout désolé de voir que :
- le confinement semble avoir justifié que tout le monde s'autorise à devoir imposer sa présence aux autres, comme pour se prouver qu'il existe encore alors qu'il a été rayé de l'espace public pendant 60 jours,
- le confinement n'a permis aucune réflexion sur la place que l'on occupe et la façon d'évoluer dehors [sauf s'agissant du port d'un masque],
- le déconfinement est tel une soupape de cocotte-minute ... cela tourne dans tous les sens en faisant du bruit.

Si Zolimari est retourné se balader hier, moi non. J'ai préféré rester chez moi à écouter de vieilles chansons en faisant des choses qui flattent mon imaginaire [du montage vidéo en l'occurrence ... pour m'évader très loin].

En discutant avec mon frère hier soir qui me confiait que ses enfants ont hâte de nous revoir, j'ai expliqué avec une certaine franchise que moi, je ne suis pas pressé. "Ah ok ... au moins, c'est clair" m'a-t-il répondu en rigolant mais en comprenant aussi que les tensions familiales récentes comme l'ambiance un peu minante. 

"C'est légitime que tu aies peur" m'a-t-il dit ... sauf que je n'ai pas peur. Peur d'être malade, peut-être et encore. J'ai surtout peur que le déconfinement décidé et appliqué avec zèle par ceux qui avaient eu du mal à se confiner oblige à nous donner rendez-vous dans quinze jours, le temps d'incubation d'un virus dont l'immunité générale au sein de la population ne dépasse toujours pas les 10% selon les experts les plus optimistes. Peur qu'il faille y retourner ? A titre personnel, cela ne m'effraie pas, au contraire. C'est simplement que l'euphorie du déconfinement fait disparaître une donnée importante : le pays est au bord de la déconfiture.

J'exagère ? Pas de beaucoup si tu te rappelles que la déconfiture, terme de Droit civil, désigne l'insolvabilité d'un débiteur, commerçant ou non, qui ne peut faire face à ses dettes. Certes, techniquement l'Etat n'est pas en état de déconfiture [et ne le sera jamais a priori, mais le tissu économique est proche du précipice et telles des cigales, les uns et les autres n'ont pour seul sujet de conversation que les prochaines vacances d'été, le scandale de ne pouvoir aller s'attabler dans un bar ou encore l'absolue nécessité de pouvoir aller se répandre dans des parcs. Avec toute la précaution nécessaire à prendre avec ce type de comparaisons, tout cela me fait penser à la frénésie de l'été 1936 quand le démon nazi annonçait des lendemains crépusculaires alors que les français n'avaient pour seul obsession que leurs premiers congés payés.

"La situation catastrophique ? Tu veux dire pour toi ? Ton boulot ?" me demanda mon frère quand j'évoquais ce motif d'inquiétude et surtout de préoccupation à voir que tant de gens jouent les autruches devant la vague "tsunamesque" qui arrive ... "Je pense que les gens ne réalisent pas dans quel état est l'économie et l'on se satisfait en se disant que ce n'est pas grave puisque tout le monde est au tapis. Il va y avoir du sang et des larmes et ça, les cigales d'aujourd'hui ne veulent pas le voir" lui ai-je répondu. Les chiffres qui me parviennent laissent envisager un plan social massif dans la restauration et je ne parle pas du tissu des petites et moyennes entreprises qui iront à la liquidation après l'été ... quand la perfusion des anesthésiques actuels [prêts garantis, chômage partiel et autres] cessera. Bah oui parce qu'avec une charge mensuelle qui dépasse le milliard d'euros [que l'on n'a pas], il est bien évident que cela va cesser ... sauf à nationaliser tout une partie de l'économie [ce qui ne s'exclut plus, et de moins en moins].

Jouer ainsi les cassandre ne me ravit pas, il ne faut pas croire. Simplement, je regarde tomber les certitudes les unes après les autres et j'avoue me foutre royalement du fait que l'on ne peut pas aller sur les plages en ce moment.
Si le déconfinement est une sorte de déconfiture personnelle, je me prépare à celle qui sera d'ampleur et qui devrait faire des ravages au delà de ma petite personne bien dispensable. Le plus navrant dans tout ça, c'est qu'on n'en a pas fini avec la cause de la débâcle actuelle, que ceux qui applaudissent tous les soirs sont les premiers à faire n'importe quoi [acheter sa bonne conscience consiste désormais à singer l'hommage aux soignants dont on prépare des jours difficiles en faisant ce que l'on veut au mépris d'un peu de bon sens] et qu'on n'aura finalement rien appris de ce choc. Si ... se persuader que notre modèle essoufflé est forcément le bon donc qu'il faut l'imposer avec encore davantage d'ardeur. Le monde d'après ne me donne pas envie ... et après, on se demande pourquoi je ne veux pas sortir ?

Tto, qui se protège sans illusion

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Commentaires
J
Merci Tto... Pourquoi ce merci alors que le billet n'est pas forcément des plus enthousiastes pour les mois et les années à venir ? Parce que comme Jany, je suis totalement en harmonie avec tes dires. Tout le monde semble attendre le déconfinement comme une énième fête à laquelle tout le monde devra participer. Mais derrière cette fête, il y a ce que ça a coûté... Et même avec toutes les meilleurs volontés au monde, il y a eu et il y aura de la casse... beaucoup de casse ! Les gens ont cette faculté à se mettre des oeillères dans des situations qui ne leur plaisent pas et attendre que ça passe. Une telle "insouciance" me fait peur à bien des titres. Mais le prix, nous allons le payer et contrairement à ce que beaucoup de mes amis disent autour de moi, on va la sentir passer l'addition... Elle sera très douloureuse.<br /> <br /> Courage à toi et Zolimari.
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E
Même pas envie non plus de sortir et de retourner au boulot, même inquiétude sur ce reflux qui nous guette. Sidération de voir l’inconscience de la plupart devant ce mur qui s’est dressé. Guère d’illusion en effet ! Des pensées.
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J
Tto je suis en totale harmonie avec vos propos!
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M
As tu envisagé de te réinventer en berger des Pyrénées ? ;-))) Déjà un petit tour dans le Pays Basque ne te ferait pas de mal, non ?!!!😊😊😊
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M
La question des parents ne pose pas pour moi du fait des 400 km nous séparant mais je n'ai pas envie d'y aller <br /> <br /> Mon mari voyait de toute façon son père tous les dimanches pour l'aider mais il n'y va pas plus souvent depuis: sa sortie de la semaine fût la déchetterie<br /> <br /> aucune promenade <br /> <br /> aucune sortie loisirs <br /> <br /> juste les courses <br /> <br /> je n' ai pas peur non plus dl maladie . <br /> <br /> C'est en effet l’effondrement qui m' affole avec une conséquence économique qui reste d’être fatale pour le boulot de mon mari et nous avec l' appart la banque on risque gros
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