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une vie de tto
7 avril 2020

The Queen

The QueenSi l'on en est là, c'est que l'heure est grave et c'était sans imaginer le transfert quelques heures plus tard le transfert de Boris Johnson [qui, il y a quelques jours encore, minimisait farouchement les effets dévastateurs du virus].

Oui mais voilà, dans cette affaire comme en tant d'autres, les symboles sont des tsunamis qui emportent une bonne partie de la conscience collective. Tout est affaire de symbole.

Premier acte : l'allocution télévisée de la Reine. Certes, les britanniques se plaisent à être isolés sur une île [d'odieux esprits rappellent que si Dieu les a mis sur cette île, cela ne procède pas du hasard] à telle enseigne qu'ils avaient imaginé un temps que le Covid-19 n'était qu'une petite affaire continentale de laquelle les insulaires ne seraient concernés que de très loin à raison de leur spécificité légendaire. Sauf qu'en matière de pandémie, le virus n'a que faire des barrières intellectuelles ou de pétitions "brexitiennes" martelées par un BoJo déjà enfiévré . Les ravages du virus, dans une économie déjà sinistrée par le Brexit et les coupes budgétaires régulières au sein du NHS opérées par des gouvernements conservateurs soucieux de saper le peu de services publics encore debout, ne pouvaient être que dévastateurs. On n'est pas déçu ...

Aussi et au rendez-vous des heures graves que son pays a connu, Elizabeth II est donc sortie de son royal mutisme et a parlé à son peuple, pour la cinquième fois depuis son accession au trône, en dehors des rendez-vous protocolaires. L'image est intensément belle et d'une force incroyable. C'est suffisamment rare pour avoir mobilisé près de 24 millions de téléspectateurs nationaux et permettre aux chroniqueurs mondains de sortir de leur confinement pour ripoliner d'une cire flatteuse le geste. C'est un peu vite oublier qu'à la même heure, un malade britannique décède du Covid-19 toutes les deux minutes [et encore, dans la patrie de Chruchill comme ailleurs, le sang et les larmes ne comprend pas tout le monde puisque le décompte macabre n'est pas exhaustif]. Solenelle, grave mais avec la voix posée de la grand-mère qui rassure, la souveraine a martelé le discours de résilience avec une robe verte comme l'espoir qu'elle devait transmettre, assurant que la victoire serait prochaine malgré les pertes et les efforts. Le poids de la parole de la Reine, l'incroyable densité du personnage et la rareté de l'exercice renforcent évidemment l'impact du message du dimanche soir. C'est d'ailleurs avec intérêt qu'on aura noté qu'il a largement dépassé son royaume pour devenir planétaire, comme si Elizabeth II incarnait la digue contre laquelle les vagues vérolées du Covid-19 frappent sans dépasser encore. De CNN à toutes les autres chaînes d'info, l'allocution fut diffusée et les éditions spéciales suivirent sans imaginer que le scénario s'emballerait ensuite avec l'annonce en "Breaking News" de l'hospitalisation de Boris Johnson, depuis placé en soins intensifs.

Le timing est quasi parfait, le choc est immense à Londres comme ailleurs dans le pays : l'Etat serait en train de vasciller si la Reine n'avait rappelé à ses sujets qu'elle était encore là, malgré les printemps qui s'accumulent et que son quinzième Premier ministre est le dernier d'une longue série. Le populisme, qu'il soit Johnsonien ou autre, cible ses ennemis avec une roquette, celui qui l'incarne. Dimanche soir, Downing Street a essayé de minimiser le séisme politique et la Reine a servi de structure faîtière d'un régime qui vacille, un paratonnerre. Oh certes, on annonce que Dominic Raab [probablement pire que Johnson, comme Pence est pire que Trump] sera là pour suppléer autant que de nécessaire mais Boris est dans de sales draps et les incantations de Donald [qui prédit qu'iol va vite se remettre sur pied] inquiètent plus qu'autre chose.

Les petites gauchistes de l'Internationale socialiste, trotskiste ou maoïste se vengent comme ils peuvent avec le peu de conscience et d'intégrité intellectuelle [parce qu'à faire preuve de si peu d'humanisme, on ne se grandit jamais], proclament qu'il n'a que ce qu'il mérite et qu'il est lamentable de faire la différence entre Johnson et la pauvre grand-mère morte seule dans un Ehpad de province ... ils seraient les premiers à réclamer un procès d'Etat si Mélenchon était en soins intensifs. On a les symboles qu'on veut et tout est question de symbole en l'occurrence.
Si les incivilités ou méconnaissances assumées des consignes de sécurité pouvaient diminuer à la faveur de tels symboles, on n'aurait pas complètement perdu notre temps et cela aiderait plus que de créer des polémiques stériles témoignant de ce que certains ont encore beaucoup d'énergie à revendre, alors qu'ils chouinent ne plus en pouvoir de rester chez eux pendant que de valeureux combattants de l'épidémie s'exposent du matin au soir pour sauver le plus de monde possible.

Tout cela confirme une chose : le Covid-19 balaye tout sur son passage, y compris les certitudes acquises un peu rapidement au cours des cinquante dernières années, de telles certitudes confinant sans nul doute à l'arrogance dont la nature vient cruellement rappeler à ceux qui en étaient les chantres qu'il n'y a finalement pas de supériorité de l'espèce humaine ou d'une civilisation. Le mythe de l'Atlantide en sa version 2020 presque ...

Tto, qui se sidère de plus en plus [donc regarde de moins en moins les informations]

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