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une vie de tto
3 octobre 2019

Le dernier à être choisi

En voyant passer un tweet du gagnant du jeu de l'été, beaucoup de choses sont remontées à la surface. Bigre, diantre et fichtre diable : je n'avais donc pas été le seul à ne pas être choisi en cours de sport et je ne suis pas le seul à éprouver de ce fait ce qui s'apparente à un petit traumatisme.

tweet last picked

Le dernier à être choisiTraumatisme pour moi, syndrome pour lui ... pas de doute, on a versé clairement dans le sujet clinique s'il en est et c'est assez sidérant que des années plus tard, on en soit toujours là, toujours aussi vulnérables.

C'est comme pour tous les complexes ... ceux qui ont ce que tu n'as pas ne comprendront jamais l'obsession et l'impact des sentiments éprouvés. Ainsi, celles et ceux qui n'avaient aucune difficulté à être intégrés dans les premiers haussent toujours les yeux au ciel quand il est question d'évoquer ces petites vengeances des gros bras en cours d'EPS qui, revanchards, faisaient goûter jusqu'à la lie les vexations éprouvées dans d'autres matières où l'on était meilleurs qu'eux. Avec le temps, j'ai appris à déjouer tout cela non pas en surpassant l'affront mais en l'évitant.

Je n'ai jamais fait mystère d'avoir falsifié la signature de mes parents pour m'inventer des dispenses de sport, pour me créer des blessures [jusqu'à m'en infliger de réelles lorsque cela ne suffisait plus] afin d'échapper aux cours de sport où je savais que l'on pratiquerait un sport collectif. Un de mes profs avait d'ailleurs noté que j'avais toujours quelque chose quand on pratiquait du volley, du basket ou du hand mais que tout allait bien quand on faisait de la gymnastique ou de l'athlétisme. Bah oui ... et avec le temps, j'ai toujours détesté les sports collectifs au point de ne jamais m'associer à une partie de beach volley, de water polo ou que sais-je encore, quand bien même tout cela se disputerait entre amis sans qu'ils soient susceptibles de me brocarder. C'est bloqué et je pense que cela l'est à vie.

Lorsque j'étais adolescent, au cours des séances d'EPS desquelles je n'avais pas pu m'échapper, je subissais la sélection des équipes en étant [réellement] le dernier choisi et je l'étais tandis que, rejoignant l'équipe qui devait s'infliger ma présence, le leader levait les yeux au ciel quand il ne se moquait pas ouvertement moi devant tout le monde. On ne le dira jamais assez : les enfants sont des monstres et la cour de récréation est la pire des jungles. En partant ainsi, oui, j'étais alors l'auteur de performances lamentables, quasiment catastrophiques même si, de temps en temps, j'étais doué de fulgurances qui permettaient d'en rajouter sur les moqueries si j'alignais cinq services performants en volley ou si j'avais mis à profit ma vélocité en handball pour marquer deux buts. C'était donc à ce point irrécupérable que j'avais décidé dès la quatrième de me créer mes dispenses de sport moi-même, sans que mes parents ne soient au courant. Ils le découvrirent plus tard mais, je crois, n'ont jamais compris pourquoi j'en étais arrivé là, préférant ne voir présentement que de l'oisiveté.

J'ai pourtant tout le corps d'un sportif avec une puissance de jambe au dessus de la moyenne, un coeur qui bat suffisamment lentement pour supporter l'effort et pas mal de force. Oui mais voilà, tout le reste me débecte et j'ai toujours peu apprécié ces endroits où l'on se compare la longueur de la bite comme s'il fallait se rassurer ainsi pour écraser les autres. Moi, je n'ai pas besoin d'être rassuré il faut dire ...
Je ne me souviens que d'une exception, une fois on m'a choisi dans les derniers mais en me valorisant et en me mettant en confiance pour du basket. C'était un garçon qui était lui-même sujet à beaucoup de railleries, le matheux de la classe mais il avait la particularité d'être très bon en basket. Lorsqu'il m'a intégré dans son équipe, les crétins d'en face n'avaient rien trouvé de mieux que de souligner que nous étions en plus deux rouquins. Je n'avais jamais fait le lien, il fut fait ce jour là, expressément et pas pour la dernière fois.

J'ai essuyé aussi les plaisanteries sur le fait qu'être dans mon équipe supposait que l'on s'approche trop de moi lorsque je transpirais et l'on sait bien que les roux qui transpirent, cela sent évidemment plus mauvais que les autres. Ah oui cruauté ...
Ce serait presqu'amusant si cela n'était pas aussi tenace. A l'occasion de reprise de sport avec Zolimari, tous ces vieux fantômes ont ressurgi et ma détestation du sport avec. Je sais bien que c'est utile, j'imagine bien tout l'intérêt d'en faire mais j'ai pour boulet tout ce que j'ai vécu par le passé et qui est encore bien présent parce que les plaies [les blessures comme les idiots qui se sont défoulés toutes ces années] ne m'ont pas lâché.

On a toujours tort de minimiser tout cela, d'imaginer que les mecs ne sont pas en porcelaine et donc capables de ne pas s'effondrer parce qu'ils sont choisis en dernier. J'ai souvent été choisi en dernier jadis, mais il se trouve que j'ai toujours peur d'être choisi par défaut aujourd'hui encore ... encore oui, comme Le Silentio qui croise parfois, comme moi, les spectres d'un passé ayant été trop douloureux.

Tto, qui ne méritait pas cela

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Commentaires
L
Le pire n'était pas forcément les élèves mais la vile complaisance des professeurs d'EPS : cette sous-race de sportifs ratés qui surveillent d'un oeil torve les branleurs boutonneux et cruels, en somnolant de l'autre dans leur transat de diplômé de STAPS (ce même transat qu'ils trainent d'étapes en étapes pour voir passer le tour de France).
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W
Tellement d'écho pour moi aussi...<br /> <br /> Une fois cependant lors d'une partie de football une passe malheureuse vers moi et j'ai fait gagné mon équipe devant les yeux éberlués de toute la classe. Personne n'y croyait : le petit gros premier de la classe avait marqué le but décisif.<br /> <br /> Évidemment ce moment de gloire resta éphémère... Le traumatisme des cours d'EPS reste toujours là...
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