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une vie de tto
19 février 2019

Le masque de la contenance

Vignette MasqueC'est en regardant la photo, passée hier sur divers réseaux, que je me suis dit qu'elle irait très bien avec ce que je voulais dire aujourd'hui. Oui, ce masque est finalement une métaphore de ce que j'ai dans la tête et qui vient tout droit des derniers films que j'ai pu regarder. "Moonlight" d'une part et "Green book" d'autre part ... tous deux ont un acteur commun mais là n'est pas le sujet : la contenance en est ce que j'ai retenu.

Je ne sais plus qui disait "A défaut de dignité, il faut avoir une contenance". L'on peut aisément renverser la citation et déplorer [du peu que j'en vois] que dans un sens comme dans l'autre, ce conseil amical soit méprisé au point de ne plus exister. Pourtant, et particulièrement dans "Green book", c'est exactement ce qui sauve l'un des protagonistes tout écrasé qu'il est par la pression sociale ou la solitude liée à son homosexualité inassumée.

Ah la contenance ... elle fut le masque qui me sauva des années durant et qui permit dans des périodes des plus compliquées de conserver le cap [incertain] d'un trajectoire dont je dois bien être le seul à ne pas croire à l'évidence. C'est cette contenance qui me fit m'accrocher aux cravates et costumes parce que j'avais compris que ladite contenance était le message irréprochable que je pouvais envoyer aux yeux d'autrui, celui qui ne souffrait pas la mise en cause ou l'introspection malsaine.La dignité, c'est plus intérieur ... on arpente là les échelles de valeur d'une personnalité dont j'ai toujours refusé de faire la moindre publicité. Mais la contenance, c'est un peu le paquet cadeau, l'emballage ... la première impression. J'ai toujours retenu une chose : on n'a pas deux fois l'occasion de faire une bonne première impression. La contenance, c'est le moyen de s'en assurer.

Bien entendu, pour le pourfendeur de la superficialité que je demeure, voilà bien un paradoxe que de se réfugier derrière l'apparence afin d'éviter que ne transpire le fond. C'est précisément l'objet du masque : cacher le visage qu'il dissimule. Quiconque n'a pas été harcelé pour la couleur de ses cheveux, des manières, un manque d'habileté en cours de sport ou que sais-je encore comme je l'ai été ne peut décemment pas comprendre de quoi il retourne. Le masque permet de distraire l'attention sur ce qui focalise tant. En regardant le Dr Don Shirley se débattre derrière le masque du smoking impeccable qu'il arborait devant un public le détestant pour ce qu'il est, je me suis retrouvé ... me revoyant me décaler sciemment comme pour attirer le regard sur autre chose que ce que je ne voulais pas laisser voir. Tantôt une chemise d'une couleur flashy avec une cravate noire, tantôt une veste d'une couleur improbable mais avec une coordination irréprochable ... qu'importe : le seul point essentiel fut toujours que le noeud de la cravate soit parfait.

On se perd toujours dans ces affaires de contenance : on attend trop souvent pour dire les choses en espérant qu'il comprendra, qu'elle aura tout de même décodé, qu'ils ne seront pas si naïfs à se laisser emporter par de si grosses ficèles. On finit même par croire à certains masques, à se laisser enfermer dans le confort d'une irréalité plus savoureuse que le quotidien âpre et difficile auquel l'on fait face. Nonobstant l'abandon des masques, j'ai toujours gardé ma contenance en refusant catégoriquement par exemple que l'on féminise ce que je fais ou ce que je suis [même s'il s'agit de sexe]. J'ai toujours gardé le port de ma tête bien haut et fixé du regard ceux que je craignais le plus comme pour les défier et, là encore, éviter qu'ils ne puissent se concentrer sur autre chose. On pourra croire que je sème au vent des leurres afin de m'extirper de telles ou telles impasses ... je n'ai jamais nié être affreusement calculateur [on dit "stratège" quand on veut me flatter] voire superbement machiavélique. A l'instar du fait d'être opportuniste, s'inscrire dans la philosophie de Nicolas Machiavel n'a jamais été un défaut à mes yeux.

Les mauvais joueurs hurlent à la manipulation, les imprudents regrettent toujours d'avoir pris à la légère le conseil de sagesse que je leur avais adressé ... moi, j'utilise de moins en moins de masques ici comme ailleurs mais je garde toute la contenance que je pense devoir conserver, dans une époque et un pays qui n'en a plus. Je vis à nouveau en décalage, constatant que des loubards peuvent conspuer un homme au motif qu'il est juif ou proférer des horreurs ineptes au seul motif de leur jalousie crasse, sans que plus aucune contenance ne soit de mise [la Manif pour Tous avait déjà bien déblayé le terrain, sans parler du vociférant Mélenchon dont les arrangements de conscience procèderaient de tartufferies si cela n'était pas aussi nauséabond]. Et c'est donc là que le décalage confine à la faille de San Andreas : plus la sauvagerie se généralise, plus la contenance que je m'impose reprend ses droits.
Bien évidemment, tu auras compris qu'actuellement, la question même de la dignité est tranchée pour beaucoup ... qu'importe, la mienne est intacte.

Tto, qui se contient

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