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une vie de tto
20 septembre 2018

Ça ne marche plus !

Ca ne marche plus

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'éclipse Benalla obscurcit tout sur son passage, y compris la baraka dont Emmanuel Macron pouvait jouir jusqu'à présent. L'état de grâce aura été étonnement long, profondément exceptionnel mais depuis le 16 juillet 2018, le moins que l'on puisse dire, c'est que plus rien ne marche.

C'est à la faveur du comportement inexcusable d'un petit chargé de mission zélé qui s'est fait plus d'ennemis que de soutiens que le bateau présidentiel prend l'eau depuis près de trois mois. Et ce qui ne devait être qu'un grain de sable s'apparente de plus en plus à une dune qui, s'ajoutant aux déconvenues économiques comme aux impondérables de l'usure du pouvoir, rend l'action du Président totalement illisible, couaquesque et même synonyme d'impréparation amateuriste sinon immature.

La superbe des premiers mois où l'on allait voir ce que l'on allait voir s'est ternie et tant la confiance du Président en lui-même que le bien fondé des réformes qu'il dispense au pays ne sont plus vues aujourd'hui que comme de l'arrogance ou le fait permanent du Prince. Les gauchistes se déchaînent jusqu'à raconter tout et surtout n'importe quoi, la droite se revigore en contemplant dans les déraillements macroniens le signe providentiel qu'elle n'en a pas l'exclusivité, Marine Le Pen fait oublier son impréparation flagrante sur quasiment tous les sujets en dénonçant celle de son adversaire et la République En Marche semble sonnée comme si le shoot de la première année ne faisait plus effet et que la redescente allait être bien difficile.

Surtout, Emmanuel Macron prend des allures de Sarkozy, en se raidissant sur des broutilles, en s'empêchant de prendre de la hauteur [le mois de septembre devait être celui de sa mise en orbite au niveau européen, il est absolument inaudible sur le sujet !] et en prêtant, finalement, les flancs à toutes les critiques y compris en se défendant avec ce qui ressemblerait presque à de la fumisterie. Lui qui voulait être le maître des horloges passe son temps à avoir un coup de retard et du coup, le carillon sonne toujours au moment où il ne le faudrait pas.

Benalla, c'est très mauvais et cela atteint l'autorité même du Président de la République, lui qui en avait fait un marqueur différenciant vis à vis de François Hollande. La démission de Nicolas Hulot en direct chez Léa Salamé, c'est quasiment pareil et cela relègue le Premier Ministre au rang de simple figurant, exposant derechef le Président [comme l'avait dénoncé François Hollande quand Jean-Marc Ayrault ne jouait pas assez le paratonnerre]. Les remontrances et écarts de langage sur les gaulois réfractaires ou le fait d'avoir à traverser la rue pour trouver du boulot n'aident en rien même si rien n'est comparable dans tout cela, l'amalgame fait par les pourfendeurs de Macron ne démontrant qu'une chose : le peu de consistance de leurs arguments qui ne rélèvent que de la cour de récréation. Les interférences sur les affaires de Françoise Nyssen, Laura Flessel comme la satellisation de Richard Ferrand lestent durablement Emmanuel Macron qui prend coups sur coups alors qu'il avait promis que ce monde là appartenait à un passé dans lequel pouvaient se complaire les vieux partis de droite et de gauche dont les français ne voulaient plus. La cacophonie sur les droits de succession initiée par Christophe Castaner, chef du parti présidentiel, ne fait qu'ajouter au reste et le manque de symboles d'ouverture [une femme au perchoir ou à la tête du groupe majoritaire à l'Assemblée Nationale] sonne davantage comme une asphyxie progressive qui renvoie déjà le Président dans les cordes d'une impopularité qui condamne par anticipation les réformes pourtant ambitieuses qu'il avait mises au programme de l'année.

Parce qu'en fait de tout cela [auquel il faut ajouter la fracassante rupture d'avec le Ministre l'Intérieur, fidèle parmi les fidèles], l'accumulation de cailloux dans la chaussure présidentielle n'est pas seulement un problème de cap politique. C'est surtout et hélas l'impression que le temps des réformes est achevé. Le quinquennat d'Emmanuel Macron n'aura-t-il duré que quatorze mois ?
La dégelée de la prochaine élection européenne sonnera-t-elle le glas des ambitions continentales [et bien nécessaires] du Président de la République ?
La contraction des fondamentaux économiques devra-t-elle cesser avant que de nouveaux chantiers soient entrepris ?
L'usure du pouvoir va-telle plonger Emmanuel Macron dans une gestion du temps politique, comme le faisait l'ancien monde ?

Ce qui est saisissant, c'est de voir qu'en quelques semaines, toute la machine s'est grippée, du contrôle des ministres [les couacs à la sauce Hollande faisaient rigoler avec ironie ceux qui promettaient une autre pratique du pouvoir] à celui des députés [Frédérique Dumas fait de sacrés dégats en rejoignant le groupe UDI tout en disant ce qu'elle pense sans beaucoup de filtre], des incartades du Président [sur l'Exit-tax pour ne citer que cela] aux affaires gênantes de Françoise Nyssen, Alexandre Benalla et consorts. Le nouveau monde n'est déjà plus et Emmanuel Macron semble avoir grillé trop de cartouches, en se mettant en première ligne, en prenant des coups bien inutiles que les institutions lui permettaient d'éviter. Il pêche, comme Nicolas Sarkozy, par excès en tous domaines ... d'une histoire de vaisselle comme de piscine jusqu'à des propos déplacés et contestables sur des sujets brûlants comme l'Acquarius. Celui qui transformait tout en or a perdu de sa superbe et c'est aujourd'hui que tout va sévèrement moins bien que son ministre de l'Intérieur décide de lui-même sa sortie du gouvernement [c'est déjà mieux que sur France-Inter !], ou que l'on puisse directemebt demander directement au Président du Sénat [pourtant pas de son bord politique] de lâcher un peu la bride sur Benalla [hein ? quoi ? La séparation des pouvoirs ?] !! C'est lunaire et délirant ...

Les merdes volent toujours en escadrille disait malicieusement Chirac, il est à craindre que ce soit une bonne grosse division de l'armée de l'air qui soit actuellement en mouvement. Le Président n'a pas beaucoup de recours, bricole en exfiltrant François de Rugy pour colmater la brèche ouverte par Nicolas Hulot, ce faisant il envoie un curieux message bien peu moderne en plaçant Richard Ferrand [alors qu'installer Barbara Pompili eût été tactiquement plus intelligent, pour la faire taire et donner des gages]. Tout ce qu'il peut dire ou faire est désormais raillé ... on est entré dans le Macron-bashing, curieuse hystérie inversant l'idôlatrie béate dont il jouissait précédemment : les retours de balanciers sont souvent plus saillants que le mouvement initial. Tout est sujet, tout est prétexte même ce qui ne le mérite pas et comme Emmanuel Macron a pris la désagréable habitude de s'occuper de tout, il s'expose en permanence plutôt que de rendre sa parole plus rare et donc plus audible.

Ça ne marche donc plus ? Plus beaucoup et le charme ayant cessé, le réveil est difficile pour celui qui a demandé beaucoup de sacrifices à ceux qui n'ont pas encore perçu l'interêt de ceux-ci mais voient surtout que les plus privilégiés n'ont pas été assaisonnés de la même façon. L'inéquité en résultant colle sur l'épaule de Macron l'étiquette du Président des riches [des "super-riches" tacle François Hollande sans mal], les gages de gauche tardant véritablement à venir et le rétablissement du pouvoir d'achat s'éloignant chaque jour davantage que l'équilibre des finances publiques confine à la quadrature du cercle.
Le seul souci dans tout cela, c'est qu'à jeter Emmanuel Macron avec l'eau du bain, il est probable qu'on ne prenne garde à ce que beaucoup d'autres choses partent également : l'Europe, une certaine idée des équilibres démocratiques et quelques fondamentaux économiques qui protègent encore la France contre la lessiveuse de la remontée des taux. Les résultats des choix économiques et sociaux du Président viendront d'ici fin 2019 ... c'est encore loin et il aura le temps d'user deux gouvernements comme de perdre plusieurs élections partielles et une européenne. D'autres crises viendront et, si son comportement interroge, c'est davantage la déconnexion du Président avec le pays qui donne le vertige. On est à fond dans l'excès de confiance, comme celui du capitaine du Titanic qui pensait trop longtemps qu'il n'était pas nécessaire de changer de cap pour éviter l'iceberg fatal. Le petit cercle [dont Alexis Kohler, dont la probité suscite des moues inquiétantes] n'a pas plus la main sur le Président qui s'épuise à essayer de retrouver la vista d'antan, qui parait déjà si lointaine. Le vrai sujet, c'est qu'à trop sermonner les français [peuple indiscipliné par excellence], il n'est pas impossible que ceux-ci soient probablement plus intransigeants que redouté, les urnes servant alors de défouloir.

Tto, un peu stupéfait de la séquence actuelle

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