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une vie de tto
14 décembre 2016

#Alep sarcophage de l'Humanité

Alep

"Ruine de l'âme", tel est le titre de la rubrique dans laquelle j'ai décidé d'écrire ce matin et elle n'a jamais si bien porté son nom. Parce que tout enkylosé dans ton quotidien, tu entends comme moi la petite musique d'une complainte sourde et désespérée depuis cette ville jadis symbole d'autre chose que d'un martyr.

Oui, devant tes yeux, alors que l'ambiance est à préparer les fêtes de fin d'année, c'est la fin d'un monde qui se joue là bas, un massacre grandeur nature qui relève [comme le Premier ministre l'a justement qualifié hier] du crime contre l'humanité. Alep meurt, Alep s'écroule, Alep est le théâtre d'une barbarie que le concert des nations s'était promis de conjurer au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Alep restera longtemps comme le stigmate de la lâcheté des occidentaux, de la couardise des diplomates incapables de juguler la violence exacerbée qui se joue dans ce qu'il reste de rues et d'édifices.

Les témoignages sont épouvantables : on parle de ratonnades décomplexées, de viols systématiques, de bestialités abyssales qui remisent bien loin la notion même d'humanité.

Au delà d'un conflit intérieur [dont je me garderai bien de proposer la moindre analyse puisque je n'en suis pas un spécialiste], Alep est une atrocité qui se joue sous nos yeux. Au delà d'un combat, Alep est le sarcophage de l'Humanité toute entière dont il est question puisqu'il n'y a plus de principes, il n'y a plus d'autres valeurs que celle de la violence et de la sauvagerie. Au delà des raisons d'un conflit qui oppose un dictateur sanguinaire et des rebelles qui ne sont pas tous des démocrates, la vérité est défoncée sans aucune vergogne puisque la fin justifie tous les moyens. Au delà d'un fief stratégiquement nécessaire, Alep est la matérialisation de la fin d'un monde régi par la règle de droit qui permettait d'envisager un Droit International public. Au delà de l'affrontement, Alep est la négation vertigineuse de ce qui nous constitue tous : l'humain.

L'Histoire dira probablement que cette fin d'année 2016 à Alep n'a jamais été la fin de quelque chose, mais probablement le début d'une ère ténébreuse forçant les idéalistes même modérés à regarder passer devant leurs yeux embrumés le catafalque d'un ordre mondial qui permit jadis de construire un équilibre garantissant une période de paix relative. Les historiens expliqueront probablement que la France n'aura pas démérité à condamner inlassablement mais de façon stérile après avoir été lâchée par Obama qui traînera longtemps le linceul d'une rebuffade peu honorable, taché du sang de celles et ceux qui meurent tous les jours sur ce champ de bataille, creuset de violences décuplées à venir. Parce que oui, la Syrie ressemble un peu à l'Espagne des années 30 : guerre civile, déchaînement des intérêts, coalitions étonnantes mais circonstancielles ... j'espère seulement que la comparaison avec le conflit espagnol dont on a beaucoup dit qu'il était la grande répétition de celui qui allait suivre n'annonce pas autre chose aujourd'hui. Les aboiements de Donald Trump, la stratégie reptilienne de Poutine et l'incapacité européenne à proposer une alternative ne permettent pas beaucoup d'espérer pourtant.

Le pire dans tout cela, je ne sais pas. Il arrive toujours un moment où je trouve indécent de graduer tel ou tel élément dans l'échelle de l'horreur. Le plus frappant pour le légaliste que je suis, c'est tout de même de constater avec effroi que les fondements traditionnels du Droit International public et de la Convention de Genève garantissant la protection des populations civiles dans les conflits armés sont bafoués pour ne pas dire pulvérisés par un dictateur sanguinaire et l'un des membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU. Les États-Unis, en pleine transition, regardent groggy le pull-over de l'ordre mondial se détricoter à la vitesse d'un TGV. Et la France s'égosille à rappeler que si l'on continue, Alep sera l'exemple que d'autres suivront bientôt puisque les principes de l'Humanité ne servent plus à rien. Pourquoi se contraindre quand on peut laisser libre cours à l'arbitraire, à la férocité et l'inhumanité généralisée ? Et le groupe Etat Islamique qui regarde certainement cela avec satisfaction, son entreprise de destruction des fondamentaux des sociétés occidentales a le vent en poupe.

J'entendais ce matin à la radio une femme expliquer que les milices pro-Assad étaient dans son quartier, à quelques pâtés de maison et qu'elle entendait les hurlements d'hommes massacrés et de femmes violées, présageant que ce serait bientôt son tour. Elle était persuadée de son destin funeste et inéluctable. Sous ma douche bien chaude d'occidental bourgeois qui se plaint de ses collègues et des retards de trains, je me suis revu il y a bien longtemps quand j'avais regardé à la télévision cette petite colombienne prise au piège d'inondations meurtrières et qui était en train de mourir devant les caméras et les sauveteurs impuissants. J'avais demandé à mes parents pourquoi cela se passait ainsi, incrédule. On m'avait appris que c'était comme ça la vie, beaucoup d'indécence à regarder certains mourir tandis qu'on ferme courageusement les yeux pour éviter d'avoir ou de pouvoir faire quelque chose. Ce matin, le martyr d'Alep m'a fait la même impression : je vois bien ce monde avec lequel je suis né qui se dérobe sous nos pieds, alors que nous assistons stupéfaits à un déchaînement furieux et cruel qui n'a plus rien d'humain. Le vertige est total, Alep est notre responsabilité collective.

Tto, saisi


 

SANTALENDRIER 2016

Le Père Noël du jour sera publié demain pour des raisons évidentes. Mais celui de demain peut être deviné avec les trois définitions qui suivent :
1/ C'est le frère qui sonne
2/ Marque fameuse de chaussures de sport
3/ Petite fille gâtée, vaniteuse, envieuse, manipulatrice, autoritaire, pleurnicheuse, poltronne et manipulatrice qui est l'antagoniste de Laura Ingalls

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Commentaires
L
Le père Noël du jour (enfin de la veille maintenant) ne peut être que Jack Nicholson
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