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une vie de tto
14 mars 2013

Au Nooooooooooord, y avait un Ttoooooooooooooooo

Le TTOUR DE FRANCEDans le cadre de cette grande opération pluri-annuelle qui reprend, le moins que l'on puisse dire c'est que ce déplacement n'a pas été anticipé. C'est samedi après-midi que ma Môman nous a interpellé [Zolimari et moi] en nous disant : "Et pourquoi on n'irait pas dans le nord al semaine prochaine ?" ... Comme nous avions eu l'ambition dévorante de prendre une journée de congés lundi, tout de go nous avons en choeur répondu "Et pourquoi pas demain hein ?" ...

Résultat des courses : le Ttour de France a repris ce dimanche et hop, direction le pays des corons et des terrils, le prétexte généalogique en plus ... A1 nous voila !

Cela faisait 15 années que je n'avais pas remis les pieds dans le Pas de Calais, 15 ans que je n'avais pas constaté intérieurement toute la tristesse de ce pays meurtri par les épreuves et 15 ans que je ne m'étais pas dit que définitivement je n'arriverai jamais à m'installer par ici. 15 ans ... je n'y étais plus retourné depuis le dernier enterrement, celui de la femme de l'oncle de mon père, Majarie [son surnom que je lui donnais quand j'étais petit et que je n'arrivais pas à prononcer son prénom] ... Et puis voila, à la faveur de mes recherches généalogiques du moment, le seul moyen de trouver quelques informations fut finalement de faire ce que l'on appelle un relevé de cimetière. Et pour faire un relevé de cimetière quand on a de la famille enterrée dans le Pas de Calais, y a qu'un moyen d'y arriver : s'y rendre ...

photo 1Partis à 10h15 de Paris, c'est vers 12h30 que nous sommes arrivés non sans nous être répandus sur le côté triste de l'A1 [où il pleut tout le temps, selon ma Môman toujours aussi mesurée quand elle dépasse Compiègne], les paysages lugubres au loin et les vieilles histoires de famille. En gros, nous avons ANATHEMISE à donf ! Bref ... Arrivés à Arras, nous avons décidé de nous rendre dans le centre ville, non sans passer devant la maison de la tante de mon Pôpa, cette femme qui m'épouvantait parce qu'elle n'avait plus d ejambes, dont la maison m'effrayait tellement elle était sinistre ... Dans sa rue, mes parents hésitèrent entre deux entrées : j'ai disspié le doute tant je me souvenais que l'on entrait sur la droite et que sa salle à manger devenue chambre était sur la gauche. Ce sont des frissons qui me parcoururent le dos en retournant à cet endroit.

photo 2Ceci fait, nous nous sommes dirigés sur la Grand'Place pour trouver un endroit chaleureux [un peu un énorme contraste au regard de la température extérieure si tu vois ce que je veux dire] ! Hop, garés rapido [oui parce que bon, dans le Nord-Pas de Calais, l'avantage du dimanche passé la messe, c'est qu'il n'y a plus personne dans les rues] et nous voici partis pour trouver un restaurant sympa. Sur la place du Beffroi, nous avons trouvé asile dans une crêperie [ce souci de la gastronomie locale ...] où nous avons bien déjeuné.

photo 3

Ca faisait longtemps que je n'avais pas revu le Beffroi d'Arras et sa rénovation m'est apparue comme super sympa. En plus, il faut bien le dire, le centre-ville d'Arras est super typique et super joli. C'est juste la température qui est abominable au point qu'une dame du coin [ça se reconnait à l'accent] a quand même dit "Bah dis donc, fait vraiment pas chaud là" ... C'est un signe ...

14h30 et zou ... nous voila partis pour les cimetières. Première étape : Sainte Catherine, en petite périphérie d'Arras où j'avais pour objectif de retrouver la tombe de mon arrière grand-père. Ce fut fait et j'ai ainsi pu confirmer la date du décès de la tante de mon père dont je parlais tout à l'heure puisqu'elle est inhumée avec ses parents.

Ceci fait, direction pour Barlin où se trouvent plein de tombes à retrouver. Une trentaine de kilomètres à parcourir et hop .... Une escale dans un magasin de fleurs pour déposer une petite plante sur la tombe de Majarie et nous voici repartis mais comme Zolimari ne connaissait le Pas de Calais qu'au travers des salles de spectacles dans lesquelles il était venu voir des affreuses chanteuses 90's [dont je suis obligé de taire le nom sinon tu vas te moquer] et comme on passait juste à côté, nous avons fait un petit détour par Notre Dame de Lorette. Bon déjà avant, tu croises des cimetières tout le long de la route. Je me souviens que quand j'étais petit, j'avais pris conscience de l'atrocité de la guerre en voyant ces champs de croix, ces innombrables sépultures uniformes donnant une vague idée, par nationalités, du sacrifice humain consenti et de l'ampleur du suicide que l'Europe avait commis contre elle-même entre 1914 et 1918. C'est saisissant et c'est totalement pire quand on arrive à Notre Dame de Lorette.

photo 8 photo 9

C'est en haut d'une colline qui vit des combats d'une rare violence que se trouve le site. Le cimetière de guerre est immense et c'est à perte de vue que l'on voit des petites croix blanches en bois. A l'intérieur de l'église dont le plafond en mosaïque est assez sublime, la référence au conflit mondial est permanent jusqu'aux plaques commémoratives lesquelles nous apprennent que le Crédit Lyonnais tient à se rappeler de ses employés morts sur ce champ de bataille. L'atmosphère est glaciale mais c'est impressionnant. Le vent décornerait n'importe quoi mais j'ai montré à Zolimari la perspective sur le pays Artois. C'est triste, saisissant de tristesse mais voila : c'est devant tout ça que le drame eut lieu, que le sang coula, que mon grand-père vint s'approcher du champ de bataille alors qu'il avait 7 ans et qu'il se fit rudement enguirlander par ses parents [qui ont eu bien raison, non mais dis donc] ...

Nous sommes repartis à la limite de la congélation pour Barlin. Ah ... Barlin ! Si je ne suis pas allé là bas à chaque fois que je suis monté dans le nord, c'est que je n'y suis jamais allé. Il se trouve que toute la fratrie de mon grand-père paternelle y est née et que deux de ses frères [les oncles de mon Pôpa] y sont enterrés. En outre, on y trouve d'autres caveaux qui m'intéressaient. Bref, passage obligé mais alors ... c'est d'une tristesse Barlin ! J'ai retrouvé beaucoup de choses, des lieux, des ambiances, la grande place [en travaux cette fois-ci], la boutique familiale, l'église où mes parents ont choisi le prénom de leurs deux enfants quand ils écoutèrent la lecture de l'évanglie lue le jour où ils assistèrent à la messe donnée et le cimetière, pas loin de cette petite voie ferrée. Dieu qu'il m'en rappelle des choses ce cimetière. Il y a 15 ans, j'étais là à pleurer. Comme à chaque fois, je pleure toujours au même moment, quand le cercueil descend sous terre et que l'on jette une fleur. Il faisait froid comme il faisait froid dimanche dernier ...

photo 7

Quitte à être su place, nous avons décidé de pousser notre expédition jusqu'à Duisans. Village inconnu au bataillon familial, j'ai retrouvé la trace de ce berceau familial [mon arrière grand-père y est né ainsi que son père et le père de son père] en consultant les tables décennales de l'Etat civil. Comme ce n'était pas bien loin, nous y sommes allé en espérant que le cimetière ne soit pas fermé parce que nous approchions de 17h.
Et bien non, ce ne fut pas fermé et nous avons trouvé ... oh pas grand chose parce que le village est petit et que le renouvellement des pierres tombales fait que mes ancêtres ont été relevés [les concessions de cimetière à l'abandon sont reprises par le maire et les restes déposés à l'ossuaire communal]. Il faut dire que je cherchais des tombes datant du début du XIXème siècle. Toutefois, j'ai quand même retrouvé la tante de mon arrière grand-père et j'ai pu établir une nouvelle branche de l'arbre généalogique avec une famille dont il s'avère qu'elle s'est épanouie dans ... la menuiserie, comme la famille de mon Pôpa ! Dingue ça ...

photo 4

photo 5

En repartant et tandis que la nuit s'annonçait un peu, nous avons déambulé dans Duisans [charmant village qui ne fait pas du tout Pas de Calais j'ai trouvé] et nous sommes revenus sur nos pas pour aller voir ce qu'il restait de ce curieux monument aperçu depuis la route ... le mont Saint-Eloi !

Oui parce que bon, de loin tu envisages des ruines mais de près, tu te rends compte de ce que devait être le monument quand il était encore intact. L'histoire du monument est tourmentée : Victime du vandalisme, la célèbre abbaye fondée au VIIème siècle par Saint Eloi fut reconstruite au XVIIIème siècle. Plusieurs batailles se sont livrées sous ses murs. En 1477, Louis XI, faisant le siège d'Arras, s'y installa avec son armée. En 1654, Condé y établit son quartier général et en fut délogé par les troupes de Turenne. Plusieurs fois détruite au cours de ces guerres, l'Abbaye fut toujours restaurée, et au milieu du XVIIIème siècle, elle fut même complètement reconstruite. Les travaux venaient d'être achevés, quand la Révolution désaffecta l'édifice. Les bâtiments furent vendus comme bien nationaux, démolis à l'exception d'une porte monumentale et des tours de la façade de l'église abbatiale. Puis, de violents combats en 1915 endommagèrent ces tours presque dans leur totalité. Il ne reste aujourd'hui que deux grandes ruines qui gardent un aspect imposant, hautes de 53 m. et qui dominent superbement toute la vallée. Il est clair que de la vaste terrasse on peut admirer la vue sur l'arrageois ainsi que la campagne environnante.

Et c'est ainsi que notre périple prit fin ... Rentrés à 20h30 à la maison, nous avons passé une bonne journée dans ces terres familiales. Oui, finalement, je suis bien content d'être retourné là haut même si, ironiquement, je n'étais pas si chaud que ça tant je trouve l'ambiance lourde et synonyme d'épreuve au niveau personnel. Mais voila ... je suis bien content que Zolimari ait été aussi moteur pour venir, que nous ayons trouvé tant de choses, que nous ayons partagé de vieilles histoires. Je suis aussi content de voir que cela a ravivé l'intérêt de mon père pour mes recherches actuelles. Après tout, c'est sa famille aussi mais, lui, a fait le choix de se couper d'eux pour des raisons que je comprends parfaitement, que je respecte mais vis à vis desquelles je ne suis pas solidaire dans le sens où j'ai besoin, parce que c'est mon choix en ce moment, de comprendre et d'explorer tout cela. Partant, je pense avoir compris la signification de mon nom de famille [ce qui n'est pas rien] et, jusqu'alors, j'avais vraiment fait fausse route.

Tto, 62

le mot du premier2

ANATHEMISE : participe passé du verbe anathémiser
Frapper d'anathème, excommunier, condamner

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Commentaires
G
La menuiserie ? Encore un point commun... ;)
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N
Quel périple!
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J
Beau retour aux sources
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M
"Nous avons déambulé dans Duisans" On se croirait dans Amélie Poulain
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T
Hamster<br /> <br /> <br /> <br /> Le nord de la France (au nord de la Loire en gros) fait aussi partie d'un ensemble de régions que je ne connais pas du tout. Cette année je me suis promis d'aller passer un gros week-end à Caen ou à Lille. Y'a plus qu'à !
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