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une vie de tto
28 septembre 2012

Des déflagradtions bien connues

affiche mamanMercredi soir ... Zolimari et moi avions un peu de vague à l'âme. La rentrée se digère mal ... mais comme il me le dit "Pas de nostalgie ni de regrets, cap sur les prochaines". Aussi, j'avais décidé de manger une choucroute puisque je sais qu'il aime ça et qu'à Berlin, nous n'avons même pas réussi à en manger [alors que des currywürst, je ne te raconte pas !].

Elle était bonne cette choucroute. Et puis, on a décidé de regarder un film, considération prise de l'indigence de qui était proposé à la télé ce soir là. Nous avons donc regardé "Maman", film sorti au printemps dernier et dont la distribution nous avait donné envie. Et ben ... ce film m'a bouleversé !

Bon alors ... on reprend et je vais t'expliquer pourquoi. L'histoire tient sur un ticket de métro demi-tarif : Deux soeurs ont décidé d'enlever leur mère pour la forcer à les aimer. Voila ... Une fois qu'on a dit ça, on a le sujet du film. Mathilde Seigner et Marina Foïs sont les filles, Josiane Balasko est la mère. Au début, on se dit que ça va être drôle et finalement, quelques minutes après, on a déjà compris que non, ça ne va pas être drôle du tout et même que cela va être très lourd. Bah oui, à force de répliques cinglantes et plus coupantes qu'un diamant, Josiane Balasko installe un climat de terreur faisant en sorte que les deux filles n'ont plus d'autre choix que d'aller dans l'excès. S'en suit une explication impitoyable où les trois personnalités s'entrechoquent et se démolissent à mesure qu'elles ressortent toutes leurs rancoeurs et dissensions. Au bout d'une heure et vingt minutes, le film est fini et moi, je pleurais.

Le huis-clos est assez étouffant et les positions des unes et des autres sont tellement éloignées qu'on imagine très vite qu'il n'y aura d'issue que forcément dramatique. Il suffirait juste qu'un fusil soit à portée de main pour que le sang coule. Les filles crèvent du manque d'amour de leur mère et la mère est étouffée dans la posture du bloc de glace qu'elle incarne à leur égard. Tout est sujet, tout est bon, rien ne passe et aucune tolérance n'est de mise. Finalement, l'explication finale va avoir lieu avec maladresses et les larmes me sont venues parce que cela m'a rappelé étrangement quelque chose.

La famille est le théâtre de tensions et d'affrontements que nulle autre scène ne permet dans la vie. Qui n'a pas vécu une empoignade si virulente qu'il faut vraiment tout le poids des conventions sociales pour éviter que le lien ne soit à jamais rompu [et encore, parfois, un tel poids ne suffit plus]. L'opposition des deux filles avec leur mère m'a curieusement rappelé celle qui m'opposa à mon père et à l'issue de laquelle une explication finale eut lieu, un samedi soir d'octobre où il faisait froid, un samedi soir où j'ai exigé qu'il quitte la maison. Ces tensions, je les connais. Ces mots qui tranchent comme des poignards aiguisés, je les ai tenus et je les ai reçus. Ces précipices au bord desquels on se trouve quand les masques tombent et se brisent sur le sol, je les ai parcourus. Aussi, cela m'a fait drôle [façon de parler] de revivre par procuration et écran interposé certains moments. Ça m'a démangé de dire aux protagonistes qu'il fallait en terminer de ces querelles de nombrils. Ça m'a fait pleurer d'entendre le "pardon" que je n'ai jamais entendu mais que j'ai lu.

Tout en regardant ce film, j'ai jeté un regard sur ma vie et mon histoire. Je me suis dit que j'avais eu l'intelligence, comme lui, de ne pas attendre qu'il soit trop tard pour renouer, de ne pas attendre que l'on soit trop loin pour se rapprocher, de ne pas attendre qu'on ait trop mal pour parvenir à nous retrouver. Oui, c'est une histoire d'intelligence et de circonstances. Il arrive un moment où lorsqu'on le peut, il ne faut pas rater le wagon qui permet d'en finir d'une guerre de 18 années, stérile et inutile. J'ai eu cette chance, et je m'honore de l'avoir saisie. D'autres l'ont gâché et certains ne l'auront jamais. Je me félicite aussi d'avoir favorisé lesdites circonstances et d'y être parvenu. C'est aussi cela qui m'a mouillé les yeux, le souvenir d'une telle dévastation et d'un tel déchaînement dont l'issue est hasardeuse ... j'ai eu la chance qu'elle soit heureuse.

En réfléchissant bien, de tels blocages existent encore et demeurent familiaux [au sens plus large]. Cela devrait m'inciter à faire un pas, à trouver la solution me suis-je dit ... Tout ce silence depuis 10 ans vaut-il la peine ? Probablement pas ... sauf que je crois que l'heure n'a pas sonné ou plutôt a déjà sonné. J'ai tendu la main, elle m'a été retournée comme une gifle. J'ai fait l'effort, j'étais prêt mais pour se réconcilier, il faut être deux : manifestement j'étais seul.

Tto, chamboulé

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