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une vie de tto
14 août 2012

Le prix de la différence

C'est à la faveur d'une insomnie que je suis tombé sur un article dans le dernier Têtu qui m'a mis la puce à l'oreille : les gays for pay.
Littérallement, les hommes [ou femmes] qui se font payer pour avoir des relations sexuelles avec quelqu'un du même sexe qu'eux alors qu'ils sont attirés par le sexe opposé. Oui parce que sans cette attirance, il ne s'agirait que de pornographie ou de prostitution. Sauf que là, non ... c'est un chouillat plus pervers.

J'avais déjà repéré les series du "Bait Bus" tendant à convaincre de jeunes hommes pris comme ça au "hasard" et qui, moyennant quelques dollars, se laissaient sucer et même acceptaient de pénétrer un autre homme [la ruse étant pour nombre d'eux de commencer tout cela les yeux bandés en étant persuadés que les charmes étaient administrés par la jeune fille présente sur la banquette avant de la camionnette]. Généralement et par un heureux hasard, les gars se remettaient de leur réaction outragée pour finir le boulot moyennant la centaine de dollars promise.
Avec "Out in Public", c'était plus direct ... Un gay devait choper quelqu'un dans la rue pour se le faire en extérieur, qu'il soit gay, bi ou hétéro. C'était plus rigolo s'il était hétéro naturellement. Les pudiques surjouaient et se faisaient finalement prendre sur un parking au fond duquel on notait une présence distraite.
Ne sois pas dupe lecteur : la plupart des protagonistes ne sont pas là par hasard ... ils feignent de jouer les hétéros, les collégiens américains ... ils supllantent par un naturel auquel on veux croire et que les grands acteurs de studio ne parviennent plus à donner. Oui, la pornographie avec des gens normaux est une tendance de fond : les acteurs de studio savent bien qu'ils seront peu nombreux à vivre leur membre.

Dans la recherche du mec banal et normal mais chaud comme la braise qui est prêt à s'envoyer tous les 23 cm [la nouvelle norme de studio] possibles, les studios ont trouvé depuis plusieurs années une nouvelle arme atomique : le gay for pay, comprendre le mec qui veut bien s'envoyer un autre mec alors qu'il n'est pas gay moyennant rétribution. C'est ainsi que les grands studios pornos gays ne se cachent plus de ratisser large en Europe de l'Est et que les majors US du secteur y vont bon train également avec des post-adolescents très motivés. Les Bel-Ami, Lucas Entertainment et autres Colt ouvrent donc les vannes grandes ouvertes d'une lame de fond qui va plus loin que le simple [et répugnant, pour ceux qui en sont la cheville ouvrière] monde de porno gay. en effet, les observateurs de la prostitution masculine européenne sont formels : la déferlante "gay for pay" est aussi la grande mode sur les trottoirs de Suisse, de France, de Belgique, etc ...

A titre personnel, je trouve cela fascinant de voir que des hommes [jeunes la plupart du temps] sont prêts à coucher avec des personnes pour lesquelles ils n'ont aucune attirance, à plus forte raison en venant de pays très christianisés et au regard de la condamnation extrêmement ferme de l'Eglise s'agissant de tels rapports sexuels. Oui, le cocktail est explosif de mon point de vue. Et effectivement, je trouve cela fascinant de voir à quel point l'appât du gain pousse un homme de vingt ans qui a une femme et des enfants file baisser son pantalon dans des studios de Bucarest pour se faire prendre comme un dingue pendant une semaine, simuler un plaisir extrême qui fera triper les consommateurs d'Europe alors que ... non, il ne fait cela que pour l'argent.

Certes, il n'y a aucune naïveté à avoir ... certes, certains mecs sur les trotoirs de la Place Dauphine aussi n'aiment pas les mecs avec lesquels ils couchent mais ils n'ont pas le choix ... certes, depuis des années, des femmes non bisexuelles s'en envoient d'autres dans les productions de Marc Dorcel au motif que ça fait bander l'hétéro de base ... certes ... N'empêche que le phénomène est nouveau dans son ampleur et les saunas/bars/clubs sont pleins de jeunes roumains, hongrois ou bulgares en quête de devises faciles contre un sexe à tendre ou des fesses promptes à recevoir les coups d'un homme en mal de sensations.

La monétisation du corps et du sexe est quelque chose qui m'a toujours intrigué, sur lequel je ne fantasme pas mais qui m'a souvent interpellé. J'avais d'ailleurs noué un contact avec un homme se prostituant qui m'avait raconté que cela était tout sauf excitant, qu'il tombait parfois sur des pervers qui n'oubliaient pas d'aller à la messe le dimanche avec leurs enfants [le récit de sa séquestration demeure un terrible épisode qui m'a convaincu depuis longtemps que la prostitution esr le pire des esclavages] ... Là, cette nuit là, je me suis demandé ce que ressentait un homme entrain de se faire prendre par un autre devant la caméra d'un réalisateur de studio alors qu'il pensait certainement à sa femme, sa fille ou son fils ... A quoi peut-il bien penser lorsqu'il jouit tout en forniquant avec un autre dont il n'est pas sur du statut sérologique, tout en faisant semblant de prendre un pied maximum ? C'est cela que je trouve fascinant. Que des catcheurs américains aient essayé de vivre en faisant du porno gay et se marient ensuite en priant pour que le film ne ressorte jamais [et des fois, ça ressort avec pertes et fracas], que des mecs se prêtent à tourner des vidéos pseudo amateur avec des gros barbus alors qu'ils sont à la fac et seront mariés dans un an, c'est une chose.
Mais que des hommes hétérosexuels couchent abondamment pour se faire de l'argent sur une courte période, que certains continuent alors que ce n'est pas pour le début d'un commencement de plaisir [si infime soit-il] ... qu'ils arrivent à dissocier cette sexualité marchande de celle dont ils ont besoin, oui ... je trouve cela fascinant et vertigineux. Nos sociétés d'aujourd'hui, tournées vers la performance et le plaisir comme un aboutissement obligatoire, en sont donc arrivées là : normaliser la compromission sur soi-même au motif qu'il faut vivre et qu'en conséquence il faut s'offrir totalement jusqu'au sexe, jusqu'à ce vers quoi on irait pas naturellement si on avait le choix.

Et je ne peux faire autrement de penser que la résurgence de sujets sur le "gay for pay" n'est pas innocente : elle nourrit aussi le fantasme, celui de se dire que tel ou tel semble atteindre l'orgasme alors qu'il n'aime pas cela ... presque comme ces productions qui mettent en scène des viols parce que cela en excite certains.
Tout ceci pulvérise les digues sociétales de ce que l'on qualifie de malsain.

Tto, gay for himself seulement

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Commentaires
C
Ce n'est certainement pas une coïncidence mais j'ai remarqué que sur les différents réseaux depuis quelques mois, il y a de plus en plus de mecs hétéros entre 20 et 40ans qui cherchent une 1ère expérience gay.<br /> <br /> En tout cas moi on ne m'a jamais proposé d'argent:)
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