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une vie de tto
15 juillet 2012

La première fois que j'ai acheté un journal pornographique

la premiere fois

Il y a 23 ans, ... j'étais dans Paris à l'occasion du 14 juillet 1989.
Quelques jours avant, mes parents m'avaient expédié au 16 avenue Charles Floquet, chez ma tante, la soeur aînée de ma Môman qui nous invitait traditionnellement tous les ans pour voir, de son balcon, le feu d'artifice donné dans le Champ de Mars, sur la Tour Eiffel ou alors sur l'esplanade du Trocadero [c'était selon].

A l'occasion du bicentenaire, voila donc que j'étais plongé en plein Paris dans l'effervescence d'une capitale frémissant d'une fête populaire annoncée comme étant grandiose.
Je me souviens être allé me balader avec ma tante chez Goldenberg, avoir arpenté un peu le Marais pour être allé nous perdre à la Samaritaine et faire quelques courses à la Grande Épicerie de Paris [je crois qu'il est clair qu'elle m'a donné goût à beaucoup de choses].

Je garde un excellent souvenir de ces quelques jours où le temps était radieux : il faisait chaud sans que cela ne soit étouffant et j'étais vraiment séduit par l'atmosphère parisienne ... cette petite ville qui est interminable et en recèle tellement d'autres à l'intérieur ...
En nous approchant des Champs-Elysées, on sentait bien que tout était en préparation, expliquant les bruits inhabituels que l'on entendait le soir, ces bruits de tambour sourds : Jean-Paul Goude était entrain de mettre la dernière main à ce défilé historique.

Il y eut aussi l'inauguration de l'Opéra Bastille ... Ma tante détestait François Mitterrand [dont elle m'avait déjà dit depuis belle lurette qu'il avait été un collabo et au sujet duquel elle ne cessait jamais d'expliquer qu'il cachait plein de choses, qu'il était malade, qu'il avait plein de maîtresses] ... Oui, finalement, elle avait raison sur tout mais nous ne fûmes jamais d'accord sur son bilan !

Bref, le matin du 14 juillet 1989, ma tante était à fond dans sa cuisine entrain de préparer le repas qui devait permettre à mes parents de revenir me chercher, sonnant ainsi le glas de ces courtes vacances chez ma tante. Aussi pour la dernière matinée, je suis sorti ... j'ai décidé d'aller me balader sur l'avenue de Suffren, de la remonter vers l'Ecole Militaire. Il faisait bon, j'ai obliqué vers la Tour Maubourg. Je me souviendrais toujours de ce parcours ... il n'y a avait pas grand monde, l'atmosphère était semblable à celle que j'aime lorsque Paris est en vacances de ses parisiens ... Je passais devant une boulangerie devant laquelle les gens faisaient la queue pour le déjeuner ...

Et puis, j'ai à nouveau croisé la une de ce journal en vitrine d'un kiosque à journaux si typique de Paris. Ce garçon manifestement nu avait un bras tellement relevé que sa main allait lui gratter le dos, son regard était lascif et les éléments de la couverture ne pouvaient laisser planer le moindre doute quant au public auquel se destinait la publication. C'est marrant : j'étais comme un peu attiré par ce journal ... Au gré de mes pérégrinations avec ma tante, j'avais déjà remarqué cette couverture.

Il était 11 heures passées, je marchais déjà depuis plus d'un quart d'heure, j'allais certainement bientôt rebrousser chemin et cette histoire de journal m'ennuyait. Elle ne m'ennuyait pas seulement à cause du mec qui était en couverture [qui n'était pas spécialement joli et, pour ainsi dire, qui ne m'évoquait rien de rien], mais cela m'ennuyait parce que je sentais bien que j'avais envie de voir de plus près ce qu'il y avait dans ce journal, si les mecs qui étaient dedans étaient pareils que moi ... C'est con mais c'est finalement pour cela que j'avais envie de voir ce qu'il y avait dedans.

Rue de Grenelle, j'ai cherché un peu d'argent, suffisamment pour aller l'acheter ... Quel challenge ! Je n'avais jamais fait ça, je ne m'en sentais même pas capable, moi si timide et réservé une fois qu'on ne m'avait pas l'aumone de s'arrêter au masque que je présentais à tout le monde ... Quel pas je m'apprétais à faire là ... tout ça par curiosité ... La curiosité a toujours été un vilain défaut.

Sans plus me poser de questions [comme à chaque fois que je fais quelque chose de structurant, finalement ... sinon je ne fais jamais rien], je me suis avancé dans le kiosque. Un monsieur d'une cinquantaine d'années, la clope au bec, m'a regardé avec bienveillance ...
- Bonjour.
- Bonjour. Le Gaipied s'il vous plaît ...
[D'un seul coup, son visage a changé, son oeil s'est fait subitement inquisiteur ... je l'ai senti embarrassé ... comme un peu interdit de vendre un journal contenant des éléments nettement pornographiques homosexuels à un jeune homme de moins de 15 ans]
- Hummm ... Tenez
Je règle et je dis "au revoir" ... Évidemment, je ne me suis pas éternisé.

D'un seul coup, sans vraiment m'en rendre compte, je venais de gérer mes penchants homosexuels devant un inconnu qui ne pouvait plus avoir le moindre doute compte tenu de ce que je venais de lui demander. Bah ça fait bizarre à l'aube de ses 14 ans, sans qu'on en ait vraiment conscience au premier abord ...
Rentré chez ma tante, je me suis isolé dans la chambre dans laquelle je dormais et là, j'ai ouvert le journal ... J'y ai découvert un nouveau monde ... un nouveau monde qui ne m'a pas effrayé.

Plusieurs mois après cet épisode, j'ai jeté ce journal [que j'ai pris la précaution de détruire] craignant que mes parents puissent tomber dessus.
L'ironie de l'histoire ? Il y a 8 ans, j'ai trouvé un belge qui vendait son stock de Gaipieds ... je le lui ai racheté et dedans se trouvait ce fameux journal que j'ai acheté il y a 23 ans presque jour pour jour ...

Tto, qui a toujours trouvé cette histoire troublante

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