Les mecs beaux sont parfois des salauds
Dans ma vie, il y a eu des gens qui ont compté et, malgré les apparences, la distance n'en a pas éloigné la considération que j'ai pour eux. En l'occurrence, j'ai envie aujourd'hui de parler d'elle parce que je trouve que ce qui lui arrive est tellement dégueulasse que cela me met en colère.
Elle a subi ce que l'on ne devrait jamais infliger à quelqu'un. Obligée de se marier pour couvrir une maternité pas franchement programmée, contrainte de partir de son foyer pour survivre et enfin respirer après 13 années d'un esclavage qui ne dit pas son nom, composer avec un mari qui ne l'a jamais comprise et s'avère ne pas être si intelligent que ça, elle apprit aussi que son mec allait se marier avec une autre, un matin ... dans le journal. Oui, cette femme m'a touché quand j'ai croisé sa route parce qu'on a parfois la chance de croiser des destins comme le sien, des forces de la nature que rien ne fait tomber, des caractères qui feraient bouger des montagnes.
Avant de tout plaquer et partir pour Paris avec 1.000 francs en poche pour refaire sa vie à 40 ans, elle avait pris la peine de faire deux enfants. Deux mecs, deux beaux mecs : virils, bruns, charpentés ... de belles bêtes. Il y eut toujours une distance évidente entre eux et moi. Va savoir, va comprendre : je pense qu'ils n'ont jamais aprdonné à leur mère de n'avoir pas accepté de subir davantage, d'être encore plus humiliée que laisser sa place dans son foyer qu'elle maintenait à bouts de bras en travaillant à la banque le jour et en jouant les maîtresses de maison le soir parce que son mari ne faisait pas grand chose. Quand elle trouva un nouveau mec, elle tomba sur un connard qui la mena en bateau [un pêcheur, c'est peut-être pour cela] comme un salaud au point même de ne pas oser l'affronter directement. La fuite est la marque des faibles. Ses fils devaient la venger ... ils ont du oublier.
Moi, je l'ai connue fade, rabougrie, entrain de compter chaque centime pour passer le mois suivant, le coeur sur la main quitte à ce qu'il faille qu'elle ne mange pas à sa faim, généreuse avec des amis qui se prétendaient comme tels. Ah oui ... ce pédé de Beziers qui n'eut aucun scrupule à aller baiser des mecs sous les arcades de la rue de Rivoli et qui lui pompait son fric qu'elle allait gagner durement tous les jours, dimanche compris. Je suis fier de lui avoir explicitement demandé de le virer, pour elle.
Je ne veux pas raconter tout ce que je sais d'elle mais son message de samedi m'a bouleversé parce qu'il illustre ce que je sais depuis longtemps : on n'est toujours trahi que par les siens.
Elle vient en effet d'apprendre que son fils cadet [le moins pire des deux pourtant] s'est comporté avec ignominie alors qu'elle lui a toujours tout donné, qu'elle s'est saignée aux quatre veines pour lui et son frère, qu'elle a toujours pensé à eux alors qu'ils ne pensaient même pas à son anniversaire, à la fête des mères ... bref, plus à elle. Elle a appris samedi, sur Facebook, qu'elle était grand-mère.
La connaissant comme je la connais si proche des enfants et tant dans l'attente de la progéniture de ses propres enfants, je sais le déchirement que cela a été. Je perçois parfaitement le coup de poignard immonde qu'elle a reçu et j'avoue avoir été peiné profondément.
En même temps, je suis très en colère. Moi, rien ne m'autorise à donner des leçons en la matière, surtout à eux. Mais quand même : on n'a qu'une mère dans la vie et faut-il pourtant la piétiner comme ça ? Faut-il ne pas être cruel pour lui infliger une telle gifle ? On est au delà de la méchanceté et de la bêtise : c'est de la cruauté. Et s'il y a bien une chose que je ne tolère pas, c'est précisément que ceux à qui elle a rendu service soient à ce point cruels et égoïstes. La trahison est totale et finalement, il s'avère bien que tout jolis qu'ils soient, ils n'ont rien dans le slip pour ne pas dire à leur mère ce qu'ils lui reprochent, ne pas venir l'aider alors qu'elle avait besoin d'aide il y a trois ans, ne pas agir comme des fils dignes de ce nom [comment l'un d'eux pourra-t-il dès lors être un bon père ?] ...
Je sais que la pilule est amère et pourtant, il faudra bien que cela passe. Voila la belle occasion qui pouvait achever de rendre le tableau de sa vie encore plus charmant. Hélas, deux crétins égoïstes n'ont pas eu les couilles de lui dire en face les choses. Ma grand-mère disait souvent à ma mère et ses frères et soeurs : "Qu'importe ce que vous me faites de mal, vos enfants me vengeront". Et bien oui, là encore, ma grand-mère avait raison : tes petits enfants te vengeront et j'espère qu'ils le feront de façon impitoyable. Je déteste les gens qui font ça, je hais les fuyards, j'aborrhe la cruauté. Quoi que l'on ait à dire, on doit avoir la considération minimum de devoir le faire pour l'autre sinon, c'est qu'il n'y a rien. En l'occurrence, elle pour qui ses enfants étaient tout, j'envisage à quel point la descente est vertigineuse. Ces mecs ne sont pas dignes d'elle, ils ne la méritent pas.
Je ne sais si j'ai tout fait, mais moi, j'ai été plus franc, plus net, plus respectueux : je lui ai tout dit quand je l'ai quittée.
Tto, qui avait raison finalement
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