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une vie de tto
8 juillet 2012

La première fois que j'ai eu mon bac

la premiere fois

Puisque depuis vendredi dernier, on est à peu près fixés et puisque la liste des déçus ou résolus à réussir leur vie même sans fleurit sur tous les réseaux sociaux … je me suis souvenu que je ne t’avais jamais raconté ce moment là …

Il faisait beau ce matin là … un matin de juillet au soleil qui promettait d’être costaud. Ce matin là, je me suis réveillé tôt parce que, finalement, ce sont mes parents qui étaient vaguement plus stressés que moi. Reconnaissons tout de même que j’étais un peu dans mes petits souliers … Mon sentiment était que tout ne s’était pas si mal passé que cela, que je n’avais pas séché lamentablement sur un sujet, que j’avais trouvé mon sujet d’éco, de philo et d’histoire-géo assez potable de sorte que je devais raisonnablement m’en tirer avec une moyenne même si, comme le chantera Christophe Maé [qui n’a pas son bac lui], on ne sait jamais … et pourquoi ? Parce qu’on ne sait jamais …

Bref, il est 7h30 quand ma mère et moi entrons dans sa voiture et hop, zou mon lapinou … nous voila parti à Bures-sur-Yvette [avoue que tu trouves ça charmant] dans le Lycée où j’avais passé quelques semaines auparavant les fameuses épreuves sanctionnant la fin d’un cycle : celui du secondaire !

Je venais d’avoir 18 ans, j’étais déjà en route pour passer mon code : bref, ça y est, j’étais dans la logique d’une évolution évidente. Fini l’adolescence … bienvenue dans le monde des jeunes gens vigoureux qui veulent croquer la vie à pleines dents ! Mais pour ça, faut avoir son bac pour après aller en fac et jouer le nabab !!!
C’est en pensant à tout cela que je voyais défiler les carrefours et feus tricolores nous amenant au parking du lycée précité. Avec 10 minutes d’avance, nous arrivons et nous continuons à écouter la radio … ce bruit révélant tout le silence dans lequel nous avions, elle et moi, décidé de nous réfugier. Moi, je ne suis pas du matin donc le matin, je ne parle pas. Et c’est pire les matins où je suis stressé : je ne fais même pas l’effort de répondre par « oui » ou « non ». C’est presque une chance lorsque j’émets un son, qu’il faudra bien interpréter de la façon que l’on voudra.

Je me souviens du carillon de 8h … En respirant très fort, je suis alors sorti de la voiture et ma Môman m’a dit qu’elle m’attendait là. La boule au ventre … Moi qui ne croit pas u destin, j’ai eu conscience de ce que je parle souvent : ce moment de vérité, cette étape palpable dont chaque seconde dure des heures.
J’ai donc rejoint les hordes de mes semblables ayant décidé, telle une meute, de s’agglutiner contre les barrières du lycée. Il n’était pas question que je prenne un bain de foule ce matin là : il est tôt, la nouvelle ne sera pas forcément très bonne et surtout les jacasseries des uns et des autres est, en de pareilles circonstances, quelque chose qui m’horripile : je suis misanthrope, je l’étais déjà en 1993.

Les listings arrivant, on assiste paradoxalement à un mélange de torpeur et de cris. De la joie pour certains, des larmes pour d’autres rédhibitoirement éliminés [comment peut-on être surpris de ne même pas être au rattrapage ?]  … J’avise de loin la façon dont les listings sont constitués. Le type d Bac … ok … Le découpage par ordre alphabétique … ok. C’est donc assez rapidement que je comprends où est censé se trouver mon nom. Alors, je m’approche.

Peut-être que j’aurais du réviser davantage … Peut-être que je n’aurais pas du passer tout mon mois de mai à faire des réussites sur mon lit comme un débile et bachoter. Bah oui, « il aurait fallu » et « j’aurais du » sont les deux meilleures bourreaux sadiques de l’incertitude qui tente, désespérément de changer le cours d’une histoire, d’une vie.

Dieu que c’est long et qu’est ce que c’est que ces pétasses qui passent leur temps devant les affichages sans imaginer que d’autres attendent … Les filles, c’est vraiment trop con des fois. Les mecs au moins, ils regardent et après, ils se barrent. Bah voila …

Subitement, une angoisse me vient [en plus des autres, qui ne s’estimaient déjà pas assez nombreuses certainement]. Et s’ils m’avaient mis sur l’autre feuille à cause de ce nom qui est un prénom et qui me vaut une confusion quotidienne depuis tant d’année. Ah ça, l’administration ne m’aime pas : elle a toujours confondu mon nom avec mon prénom et inversement … J’ai mis 13 ans à faire accepter à la Sécurité Sociale que mon prénom n’est pas mon nom, nonobstant la production régulière et annuelle d’extraits d’actes de naissance invariablement clairs sur la question. C’est ainsi …

Allez, faisons leur confiance … Y a pas de raison non plus.

Je descends donc la feuille …
Alors alors …
Où suis-je donc …
Ah !!!!
Me voila … 11.13 / 20 !! Wahoo !!! Mais dis donc, c’est que je l’ai ça !!! Je regarde vaguement mes notes : 14 en philo, 12 en économie, 8 en maths [ma meilleure note de l’année dis donc], 12 en anglais, 11 en histoire géo …

Par acquis de conscience, je revérifie : oui oui, c’est bien moi, c’est bien ma date de naissance [ce serait con qu’il y en ait un second qui s’appelle comme moi quand même], je contrôle ma note de Français … oui oui, pas de doute, c’est moi ! J’ai mon bac !!!

Je retourne alors vers la voiture où m’attend ma Môman. J’intériorise toute ma joie et surtout d’être soulagé au point de me dire que j’ai, devant moi, 3 mois de vacances !!!

Je prends ma tête d’enterrement …
- Alors Tto ??? Bah vas-y, dis !!!!
- Bah … [je fais durer le suspense, avec sadisme je le reconnais]
- Mais allez !!! Tu ne l‘as pas ?
- Bah … bah si !!!!

Le cœur léger, nous sommes rentrés et j’ai détaillé mes notes sur le trajet … La journée était belle ! J’avais surtout dans la tête la promesse que m’avait fait prendre ma Môman quand j’étais petit en me disant : « il faut que tu aies ton bac sans rien redoubler » … Ah les enseignants, tous les mêmes hein !

Bah oui ! J’avais réussi à avoir mon baccalauréat sans jamais avoir redoublé. Certes la mention était passable mais je m’en foutais puisque je ne l’avais pas visée. J’ai finalement révisé 10 jours avant le bac comme un dingue en ne dormant pas beaucoup, en jouant et faisant des réussites pendant un mois [par superstition] et voila … l’affaire était dans la poche désormais !

Tto, Bac B

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Commentaires
J
Je crois que c'est une des choses les plus horribles, niveau angoisse, qui puisse exister, même si le résultat ne fut plutôt satisfaisant au final avec une mention AB, le 16 de français, le 15 d'histoire. <br /> <br /> Je hais le bac pour ça.
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W
Dites donc monsieur Tto, pourriez-vous me rappeler la règle du pluriel des noms terminant par EU ? ;-)
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N
Et la seconde fois?<br /> <br /> ;-)
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C
Je ne suis pas "Maé" mais en ce qui me concerne je n'ai pas eu mon bas et je ne m'en porte pas plus mal. Ceci dit très joli récit, très bien écrit comme toujours. <br /> <br /> <br /> <br /> Christophe Bac... à sable !
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