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une vie de tto
6 mai 2012

La première fois que j'ai géré la mort de mon grand père, seul

la premiere foisC'est toujours quand il ne faut pas que cela tombe, telle la lame de la guillotine aveugle et impitoyable ... C'est ainsi que l'on apprend que la vie n'est pas le gigantesque chamallow que Disney te vend à longueur de dessins animés doux et sucrés ... Cruelle désillusion ou maturité ...

J'avais presque 10 ans ... mon père était en partance vers d'autres horizons, ma mère était déjà malade et jouait aux montagnes russes laissant apparaître un visage que je ne lui connaissais pas et qu'on ne devrait pas forcément montrer à ses enfants si on en avait la possibilité. Hélas ...

C'est dans ces circonstances que l'on qualifiera forcément de regrettables que j'ai appris, un matin, que la grande faucheuse s'était occupée de mon grand père.

Quelques mois plus tôt, j'avais été impressionné par la description de l'attaque cardiaque dont il avait été victime. En fin de matinée, il s'était trouvé mal et avec quelques ultimes forces, il s'était rendu dans al rue où il avait croisé ses voisins d'en face auxquels il ne parlait plus depuis des années [pour des raisons que personne ne connaissaient vraiment ... sale caractère]. Ceux-ci, pas rancuniers avaient fait ce qu'il fallait ... et, il s'en était sorti de justesse.

Conscient qu'il ne pouvait dorénavant rester seul, il avait pris ses quartiers chez ma tante [aujourd'hui décédée aussi] rue Charles Floquet, en face de la Tour Eiffel. Elle, veuve, s'occupait de son père et racontait qu'il n'était pas facile [mais ça, c'était de notoriété publique]. Et puis, un matin ...

Un matin ... ce fut la fin.

Lorsqu'il a disparu, j'ai perdu mon dernier grand parent ... Les parents de mon père avaient disparu à trois semaines d'écart au début de l'année 1981, balayés par le cancer. La mère de ma mère était partie trois ans avant ma naissance ... Et là donc, mon grand-père, duquel je n'étais pas tellement proche parce que je le trouvais dur, cassant ... Finalement, c'est toujours le mot que je lui associe : dur. Je me souviens qu'il était pour moi synonyme de règles à ne jamais transgresser, de colères, de rigueur [son passé de cantonier à Chatenay Malabry a du y jouer ainsi qu'une grande famille à faire vivre pendant la guerre, sans oublier sa propre histoire personnelle ...]. Il ne fallait pas aller dans le jardin pour jouer au ballon à cause de son potager par exemple, on ne parlait pas à table quand il écoutait les informations ... Je me souviens d'un jeu avec lui, quand je prenais mon bain, où le chahutage a rapidement cédé la place à la peur parce qu'il m'avait un peu épouvanté ... et pourtant, je me rappelle aussi les tours dans sa vieille 403 aux sièges rouges, les séances de légumes à l'abri du figuier dans lequel je grimpais comme un petit singe ce qui me permettait de surplomber le jardin et la maison ...

Je me souviens de ce matin là où ma mère était en pleurs ... "Ton grand-père est mort" m'a-t-elle lâché ... Je n'ai eu de détails qu'en écoutant aux portes [on est toujours curieux de ce qui ne nous regarde pas parait-il] ... Il s'était levé le matin, était très fatigué, avait eu une brêve discussion avec ma tante et il s'était écroulé dans le couloir ...
Ma mère était malade à cette époque et il était insurmontable, pour elle, d'accompagner la nouvelle ... Aussi, je suis resté seul avec tout cela. Plus tard, lorsque mes jeunes années furent passées, j'en avais reparlé avec ma tante qui m'avait tranquilisé en m'expliquant que tout était allé vite et qu'elle n'avait pu rien faire ... un détail m'a marqué : elle m'a dit qu'il faisait grand soleil ce matin là et qu'il était aux alentours de 11 heures ...

Ainsi donc, à 9 ans, je n'avais déjà plus aucun de mes grand-parents ...
C'est aussi ce qui explique que j'ai toujours été d'une sévérité extrême à l'endroit de ceux qui se plaignaient d'avoir à aller voir les leurs parce que c'était long, pénible, qu'ils ne comprenaient rien et ceci et cela. C'est une chance d'avoir ses grand-parents, une chance inestimable ... une chance qui m'a manqué cruellement à certains carrefours de ma vie. J'ai fait avec ou plutôt j'ai fait sans ... ou presque, parce que dans les périodes les plus ténébreuses, j'ai toujours ouvert ce petit coffret en bois dans lequel ma grand-mère avait glissé une petite carte et écrit de sa blanche main un petit mot pour son petit fils, un petit mot pour dire qu'elle pensait à moi ...

Tto, empreint de nostalgie 

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Commentaires
J
un beau billet Tto
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W
Il y a une phrase que j'aurais pu écrire moi-même tellement elle correspond à mon histoire...
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