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une vie de tto
17 août 2011

Il faut se méfier des distances, elles sont parfois trompeuses

Ici, j'ai écrit l'année passée : "C'est toute une histoire avec XXX. J'ai une vraie tendresse pour ce garçon ..."

Bien sur, comme il m'en a donné le défi, je pourrais céder à la facilité à t'expliquer que son joli prénom vient de l'hébreu "ben yamin" qui signifie "fils de la main droite" ou "fils de la fortune", que dans la Bible il était le douzième et dernier fils de Jacob et Rachel, qu'il est à l'origine de l'une des douze tribus d'Israël. Je pourrais ...

Avec facilité encore, j'aurais pu aller piocher sur un site quelconque les traits de caractère de son prénom [que j'aurais bien pris pour celui de mon fils, si j'en avais eu un] : fantaisiste, débrouillard, aventureux, qui laisse rarement indifférent. Souvent audacieux et fantaisiste, son magnétisme est grand. Toujours avec la même paresse, je n'aurais pas pu m'interdire d'écrire des trucs inutiles comme son chiffre de chance, le 5, sa couleur, le vert, sa pierre, l'émeraude, et enfin son métal, le cuivre? Mais franchement ... à quoi ça servirait ? Hein ?

Ça ne servirait certainement pas à faire ce que je veux faire pour honorer ce défi qui n'en est pas un finalement mais voila : à la question "Sur quoi j'écris mercredi prochain ?", il m'a répondu : "sur notre amuuuuuuuur" pour rigoler [encore qu'il y aurait beaucoup à dire] mais, par message séparé, j'ai lu la chose suivante : "J'aimerai que t'ecrive un mot sur un truc qui te touche et qui te 'suit' depuis longtempd." Oui ... écrire sur un iPhone est souvent aléatoire ...

Bigre ... le cahier des charges est costaud mais c'est aussi pour cela que je lui ai posé la question, parce que je sais qu'avec Benjamin, il n'est jamais question d'esquive même si nous avons l'un pour l'autre beaucoup de pudeur et de précautions. Avec lui, on touche souvent à l'authentique même en parlant de trucs de gars qui ont toujours la main dans leurs boxers. Un truc qui me touche et qui me suit depuis longtemps ... Il y en a ... Et pourtant, ce matin, je ne vois qu'une chose ...

En rentrant d'Ecosse, je téléphone à Môman pour lui dire que nous sommes survivants, heureux d'être rentrés ... Parce que je la connais par coeur, je sens bien qu'il y a encore quelque chose. Avec tous les trémolos dont elle est capable, elle commence un truc larmoyant qui fait clairement passer Phèdre pour un tout petit truc ...
"Ta marraine ... elle a un cancer. Elle l'a appris le jour de son anniversaire. Elle a des examens la semaine prochaine mais elle va se faire opérer très vite parce qu'elle a beaucoup de ganglions. C'est au sein." 
Évidemment, la nouvelle est toujours un choc mais annoncée comme ça, c'est toujours un peu plus pire ce d'autant qu'elle me demande si j'ai pris la peine, cette année au moins, de lui souhaiter son anniversaire [ce que je n'ai pas fait puisque nous ne nous parlons plus depuis près de sept années pour des raisons qui touchent, notamment, aux relations difficiles entre ma mère et ma marraine, sa soeur la plus jeune]. Et aussitôt, elle m'interdit formellement, avec tout le chantage affectif dont elle est capable, d'en dire le moindre mot ni de prendre la moindre initiative. En gros, comme d'habitude, je suis le récipiendaire d'un secret dont j'ai à assumer la charge qui ne m'incombe pas forcément [une cruelle habitude et un véritable mode de fonctionnement].

C'était le 12 juillet dernier [donc, on en peut pas dire que cela me suit depuis longtemps] et j'y ai pensé tous les jours depuis. Tous les jours, je me suis demandé comment contourner cette interdiction, si je ne devais pas aller voir ma marraine [laquelle a défendu à ses soeurs d'en parler à quiconque ... histoire de simplifier les choses, sauf que tout le monde sait]. Je suis son filleul et j'imagine que si j'avais un filleul et que si j'étais dans la même situation, j'aurais aimé une démarche a fortiori compte tenu de ces années de silence et de distance. Oui mais voila, le piège des familles est ainsi fait que rien n'est simple, rien n'est facile et rien n'est logique. Elle a été opérée en fin de semaine dernière et moi, je gère seul et avec un Everest de culpabilité l'omerta que l'on m'impose, me faisant endosser un rôle et des habits qui ne sont pas à ma taille.

Une lettre est prête depuis mi juillet, j'ai beaucoup hésité à lui envoyer et pourtant, je ne le ferai pas, lié que je suis par des enjeux qui ne sont pas les miens. Samedi, au téléphone, ma mère me demande : "Tu l'as appelée pour savoir comment elle allait ?". Je ressens encore le poignard déchirer mon dos ... Outre le fait que j'ai ressenti alors un soupçon de trahison, j'ai toujours eu du mal à demander à quelqu'un qui est gravement malade comment il/elle va. Bien que ce soit souvent une figure de style, une amorce pour une discussion, je me suis souvent retenu de le demander ... Même si elle peut parfois être incomprise [ce que j'assume, comme le reste], je m'astreins à une distance respectueuse.

La maladie, je sais gérer. Très tôt, j'ai compris que les effusions de larmes ne servaient à rien, les incantations emphatiques étaient de la poudre aux yeux nombriliste ... Chacun gère comme il le veut. Moi, j'encaisse. La première fois, j'avais cinq ans :  le cancer a emporté mes grands parents à vingt jours d'écart. Cela marque et endurcit définitivement.
Il va résulter de cette situation une démarche de ma part dans quelques jours et une mise au point avec ma mère, ce qui ne sera pas simple. Mais une chose est sure : ce qui arrive à ma marraine me touche profondément, m'atteint même parce qu'elle a eu une place très importante dans ma vie plusieurs fois et que je n'oublie jamais. Il faut aussi comprendre que je suis un garçon dont le parrain a choisi de rayer son filleul de sa vie, ce dont je souffre régulièrement au point de l'avoir, à mon tour et en bonne réciprocité, éliminé de mon existence. Tu comprends dès lors l'importance qu'elle a ... et pourquoi, nonobstant ce qui nous sépare, je me sens très concerné.

Finalement, il aurait été plus léger de parler de Benjamin ... bien que je me demande si je n'en ai pas parlé malgré tout.

Tto, touché mais jamais coulé

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Commentaires
T
J'aime quand tu es comme ça :)
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B
tu l'a quand même fait, en parlant de ta tante, si tu veux un conseil, comme tu as coupé tout contact avec elle depuis des lustres, ne le reprend pas maintenant. Une maladie (n'importe laquelle) ne doit en rien être une excuse pour.. Sauf si tu as un vrai manque. Quant à la question, je la déteste toujours autant pourtant, il est vrai, que des fois, ça amène à parler mais, parler.. bref. <br /> et juste 'longtempd' MDR (j'ai l'esprit occupé ça se voit hein)
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J
Comme je te comprends Tto... Ce n'est jamais évident de parler de la maladie avec quelqu'un et encore plus lui demander si ça va. Moi, c'est une de mes tantes (la préférée mais qui n'est pas ma marraine malheureusement) qui se bat contre un cancer du rein. Un cancer pas très fréquent apparemment mais qui nécessite un traitement lourd par comprimés (équivalent à la chimio). Elle nous avait invité à passer chez elle dans le Sud-Ouest dès que l'occasion se présenterait. Chose qui va avoir lieu cet été. Cependant je ne suis pas arrivé à lui demander comment ça allait lorsque je lui ai demandé si son invitation tenait toujours... et pourtant j'en avais envie. Mais comme toi et beaucoup d'autres, on ne sait jamais comment aborder la chose. Chacun sa manière d'en parler ou d'éviter le sujet. Je sais une chose : j'irais la voir comme elle nous a proposé car je sais que si je n'y allais pas (en arguant qu'il lui fallait du repos), je m'en voudrais car on ne sait jamais de quoi demain sera fait.<br /> Bisous à toi Tto et courage.
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