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une vie de tto
26 juillet 2011

So snob in job ? Que nenni, juste l'assurance de la distance.

tto___la_world_companyOn m'a souvent dit que j'étais un fléau dans le travail, une espèce de terreur insupportable ... Les jaloux ont toujours cru que j'avais les dents qui rayaient le parquet ou la moquette [c'est selon l'étage où l'on se trouve et j'avoue préferer la moquette de la direction générale plutôt que le faux parquet des services généraux].

Une chose est certaine : j'ai des principes assez personnels que je mets en oeuvre dans ma façon de travailler et, en la matière, il n'y a aucune négociation possible tant et si bien que je me comporte en petit despote inflexible, aussi teigneux qu'un garçon à la sensibilité avérée à qui l'on dirait que Kylie [prononce "Kaïïïlie"] et Madonna sont des vieilles peaux qui devraient se rendre à l'évidence de l'age de leurs artères.

Tout d'abord, on ne me tutoie pas d'emblée ... c'est comme ça. On n'a pas gardé les cochons ensemble [manquerait plus que ça ...]. Le pire, c'est l'informaticien qui se croit autorisé à procéder de cette cavalière façon de communiquer sous prétexte que tu n'es pas ouvertement hostile [ou, du moins, ne l'a-t-il pas perçu de cette façon ... le pauvre]. Ca marche aussi avec le marketeur, le commercial et généralement le pas-encore quadragénaire. Sauf que pas avec moi. Aussi, il n'est pas rare d'assister à ce genre de dialogue :
- Ouais donc Tto, tu vois bien ...
- En effet, je perçois bien ce que vous souhaitez mais il conviendra que vous me fournissiez davantage d'éléments afin que je vérifie si vous êtes en capacité de ...
Toujours répondre au tutoiement par au moins trois vouvoiements histoire d'insister lourdement et tuer dans l'oeuf ce genre d'exaction verbale. Cela permet de faire respecter la distance nécessaire [et minimale] consistant à faire comprendre à l'interlocuteur qu'il est illusoire de jouer sur ce terrain.

La distance ... ah voila la clef ! C'est aussi ce qui préside au fait que j'arbore quotidiennement et quelque soit le mois de l'année ou la densité des effectifs présents au sein de la World Company, une cravate ! Cela tranche immédiatement avec les adeptes du friday-wear, les affreux qui imposent leur garde-robe de wikende en pleines semaines de juillet et d'août au motif fallacieux que "c'est l'été quand même", les angoissés de l'age qui veulent faire jeune en mettant des trucs faussement branchouille au point d'être grotesques et décalés ... ce que je ne manque jamais de faire observer.
Voila une belle façon de colorer immédiatement un entretien dont tu sais qu'il sera pénible : attaquer sur les vêtements. "Tiens, on fait grève de cravate aujourd'hui ?", "Tu es en n'importe-quoi wear combien de temps ?" ou autres "C'est sympa cette tenue de déménageur mais même en nappe de pique-nique je ne voudrais du motif de cette chemise ..." sont autant d'éléments qui forcent déjà mon interlocuteur confus à ramer à contre-courrant. Généralement, on m'oppose que je suis austère et classique ... ce qui, à l'évidence, ne tient pas longtemps.

Idem pour les anglicismes dégaînés comme pour faire moderne alors qu'il s'agit forcément d'une régression évidente du langage. Dès lors, les "ASAP" sont systématiquement retoqués, les "draft" mutent obstinément en "brouillon" que j'assortis d'un sarcastique "tu avais oublié le mot ?" et tu imagines bien que je fais un sort aux "upgrades", "meeting" ou encore "conf call". Je t'accorde que cela me fait endosser la blouse du maître d'école version IIIè République mais je m'en fous : ça saoule mon interlocuteur qui, généralement, renonce au bout de quelques minutes lorsqu'il s'aperçoit qu'aucun anglicisme n'y échappe et que cela [évidemment] lui fait perdre le fil de son discours [pour autant qu'il soit vaguement structuré, ce qui n'est pas si fréquent ... faut pas rêver non plus].
Quitte à m'en prendre aux anglicismes, je me jette tel le prédateur sur sa proie dès que je croise une faute d'orthographe mais je dois avouer que les monstrueuses erreurs de syntaxe sont mes préférées parce que j'y ajoute un petit peu d'humiliation. Les "Par contre" en début de phrase, les "pallier à", "lorgner sur" et autres "suite à" sont des friandises auxquelles je ne résiste pas en les corrigeant d'une voix sombre et grave interrompant tout. Distance donc ...
Résultat ? Je passe pour un affreux ... et même un snob !

Bah oui ... parce qu'il est bien évident que je ne vais pas mettre non plus les pieds dans le restaurant d'entreprise ! D'ailleurs, à mes yeux, il est abusif de parler de "restaurant d'entreprise" mais plutôt d'un réfectoire. Ca fait toujours mouche lorsque je dégaine ma grande tirade sur cet endroit dans lequel je n'ai jamais mis les pieds en dix années de présence ...
"Allez Tto, tu vas faire une exception un jour quand même ..." Jamais rien ni personne n'est parvenu à m'y trainer et lorsque je déjeune au sein de la World Company, c'est évidemment au restaurant de la Direction Générale. C'est ainsi que tous les midis, je file soit au resto si j'ai un déjeuner de programmé ou alors je finis au Monop' où il se passe tellement de trucs surnaturels. Un jour, la DRH m'a demandé pourquoi un tel blocage [déjà que je l'asticote à l'appeler "Directrice du Personnel" ...] : je lui ai simplement répondu qu'on y croisait beaucoup trop de gens de la World Company pour que ce ne soit pas déprimant. A ceux qui me disent snob de ce fait et soulignent le fait que je ne me mélange pas avec "le bas peuple" comme ils disent, je m'oblige à apporter le plus rapidement possible la confirmation la plus indubitable possible de façon à ce que tout doute en la matière soit éradiqué sans délai.
En cohérence avec cette distance élémentaire et nécessaire, il est presque évidentissime que je ne peux pas mettre les pieds au réfectoire ...

Tu imagines enfin que je ne me risque pas vraiment dans les pots de départ sauf pour les membres de la Direction Générale [j'suis pas con quand même] ou ceux envers qui j'ai une affection coupable, dans les soirées d'entreprise [que je fuis comme la peste en m'arrangeant pour poser des congés toujours le jour J] ou autres trucs du genre ... Inaccessible je suis, inaccessible je demeure. Et tu sais quoi ? Cela me procure une paix royale sur tout un tas de trucs : pas/peu de questions sur ma vie perso, pas de chantage vaguement affectif sur des dossiers épineux et, naturellement, regain de curiosité à mon endroit. Forcément, j'adore ...
Mais sinon, j'suis très très fréquentable au travail ...
T'as qu'à voir : y en a qui tueraient pour bosser avec moi ou pour moi. Comme quoi, je suis dans le vrai !!

Tto, pas si affreux que tu viens de le lire en vrai

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Commentaires
J
Ah, tu vas peut-être pouvoir m'aider alors, car je ne supporte pas les asap mais je n'ai pas encore réussi à "tacler" ceux qui en abusent. Tu sors quelles remarques sur ce sigle ?
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J
On dirait moi J ADORE <br /> <br /> J'aurai pu écrire la partie sur le vouvoiement ahahah <br /> <br /> Tu finiras en haut de la pyramide, continue !!!
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T
> Tambour Major : Comme l'épitète le précise très bien, les relations professionnelles sont ... professionnelles et le mélange des genres est toujours un problème.<br /> <br /> > Glimpse : Contrairement à ce que tu penses, je me félicite de ne pas être le seul à agir de telle façon. Limite, ça me rassure davantage et me motive d'autant !! <br /> <br /> > McM : Vous dites tous ça au début et après, on pleurniche quand je m'en vais ;)<br /> <br /> > Waquete : "jeune" ? ... :)<br /> <br /> > Lolotte : Les frapper ? Ben voyons, le faire serait leur donner un argument inespéré et providentiel qui pourrait tellement les victimiser.<br /> <br /> > JM : Tu crois juste ...<br /> <br /> > Christophe : Hummm ... va falloir travailler davantage. Mais pourquoi pas !
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C
Moi qui ne porte jamais de costume/cravate, on m'a souvent dit qu'au 1er abord on me trouvait froid et distant. Et comme McM et JM ne postule pas moi je veux bien devenir ton assistant.
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J
Chez nous, certains responsables ne portent pas de cravates. Z'ont pas intérêt à te croiser si je comprends bien :D ?!<br /> Autrement des comme toi, il en faudrait un peu plus rien que pour remettre certains à leurs places ^^.<br /> Mais personnellement j'avoue, comme Mcm, avoir très peu envie de bosser avec toi... Maintenant je ne crois que ce que je vois et je pense que tu dois être quand même une crème à certains moments ;)
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