La première fois que ... ton Tto a failli jouer les Mister Freeze pour de bon
Quand un Tto veut, un Tto fait ou a. C'est une règle, c'est un principe ... c'est presque inéluctable [à repasser hi hi hi] !
Aussi, il était écrit que Zolimari et ton Tto préféré iraient voir des baleines puisqu'ils allaient passer à Tadoussac ... et comme ce sont des touristes médiocrement prévisibles, tu imagines bien qu'ils n'allaient pas louper l'occasion d'être bassement normaux et totalement touristiquement navrants et donc d'aller faire un bisou aux baleines ! Bah oui, quitte à monter vers de si hautes latitudes, autant ne pas louper de les voir en vrai [plutôt que d'en subir au boulot périodiquement ... ah non ! Pas le physique on a dit ...].
Ainsi donc, le premier samedi de leur odyssée, Tto et son Zolimari se sont levés à 7h10 du matin [ouais ouais ... ça fait du 13h10 à Paris mais en local, ça fait du 7 heures du mat'] et ont suivi les conseils donnés de longue date : mangez bien avant, couvrez vous au delà que de raison, ouvrez bien les yeux et surtout profitez ! On s'envoie donc le p'tit dej préparé par notre hôte et à 8 heures pétantes, on est devant le gîte pour prendre la navette qui doit nous conduire au zodiac sur lequel nous naviguerons pour voir les baleines. Je ne te raconte pas à quel point on est totalement boursouflés de vêtements : de vrais bibendums de 3 mètres cubes ! So sexy les boys ...
En arrivant à l'embarcadère, horreur et consternation : on n'a pas de gants ! Et là ... c'est le drame parce que bon, je ne t'explique pas comment on se les gèle. Il est 8h20 et grave qu'on va avoir froid. Heureusement, la compagnie qui va nous montrer les plus grands mamifères de la planète en a à vendre ... et tandis qu'on enfile les tenues de cosmonautes prêtées [je ne te raconte pas à quoi on ressemble ...], on enfile des gants salvateurs. Et hop ... zou tout le monde sur le bateau !
Ah oui ... j'ai oublié de te dire ... Les baleines, tu peux les faire au chaud sur un gros bateau de croisière [avec plein de mamies et de retraités américains] ou alors la jouer Koh-Lanta extrême du Saint-Laurent, à la dure ... comme des vrais hommes. Donc moi forcément, je tanne Zolimari pour qu'on la joue zodiac et de guerre lasse, on débarque donc sur le zodiac !
Pendant trois heures, nous allons donc naviguer sur un Saint-Laurent déchaîné dans lequel se brassent furieusement les eaux d'un océan Atlantique nord bien froides et les eaux douces descendant des hauteurs du Canada. Donc bon ... on voit tout plein de baleines, on en prend plein la tête et plein les yeux. Elles sont magnifiques, bien grosses, massives comme on ne peut pas se douter ... Des bélugas, des rorquals, des baleines, des phoques ... un vrai bonheur et ça, j'ai du mal à trouver les mots pour te faire partager les sensations que l'on éprouve. En plus, les bélugas blancs sont venus tellement près du bateau qu'on a vraiment pu les voir des près et c'était une maman avec ses petits. La naturaliste [qui connaît les espèces et accompagne chaque voyage] en était même très impressionnée et folle de joie.
Bon une fois qu'on a vu tout ça, faut revenir parce qu'on était bien loin de la côte ... et là, la naturaliste prononce des paroles dont je me souviendrais toute ma vie : "Accrochez-vous, on va rentrer et ça va brasser !" ... Ah bah ça, elle a bien fait de prévenir. De la flotte bien glacée, on en a pris plein la tête [c'est rare que je boive autant d'eau salée, surtout aussi froide]. Et comme il fait froid et qu'on est mouillés, ça commence à devenir l'enfer. Et quand je te dis l'enfer, je suis très en deça de la réalité : c'est le Vietnam, version Tchernobyl chez les vampires, le tout dans un congélateur diabolique. bref, on a vécu ce que ressent ton sous-vêtement préféré dans une machine à laver déchaînée qui est lancée dans un programme essorage méphistophélique. Inutile donc de te dire que les conditions sont dantesques et que cela devient rapidement insupportable. Alors ton Tto a fait ce qu'il ne faut pas faire : je me suis assis et je me suis recroquevillé pour retrouver un peu de chaleur. Et là, c'est le drame ...
Dix minutes après ... je suis engourdi, j'ai une boule au ventre, je ne peux plus bouger les lèvres, ma jambe gauche ne réagit plus ... bref, ça ne va pas ! Ça secoue de plus en plus et je rebondis sur le banc du zodiac avec de plus en plus de difficultés. Ça secoue tellement que Zolimari se retourne vers moi et là, il constate que son mec est dans un sale état. Il se jette sur moi, me demande comment je vais ... je ne parviens pas à articuler, j'ai une stalactite sur la barbe, il prend ma main et constate que je ne peux plus bouger mes doigts ... bref, il panique. Et là, plus loin dans l'horreur puisqu'on subit une grosse vague, THE grosse vague, celle qui va me faire très mal. En effet, je suis tellement sclérosé que je vole et je retombe aussi lourdement qu'une pierre par terre et donc mon dos déguste carrément au point que je hurle de douleur. Je me raidis à l'extrême et là, Zolimari a de plus en plus peur. Il appelle la naturaliste qui vient me demander qu'est ce qui se passe. Je suis incapable d'expliquer quoi que ce soit ... Zolimari lui dit, elle décide de me rapatrier sur le côté du bateau où il parait que ça secoue moins mais je vais être arrosé. Le retour se fera dans les bras de Zolimari qui tente de me protéger du mieux qu'il peut tandis que je jongle à donf.
Interminable ... ce retour sera interminable ... J'ai mal, je me réchauffe un peu dans les bras de Zolimari mais Dieu que j'ai froid. On lui demande s'il faut appeler les pompiers et prévenir les urgences. Nous remettons la décision jusqu'à l'arrivée et comme je parviens à marcher et à m'extraire [avec la fluidité d'un Robocop rouillé à l'extrême], on renonce [d'autant qu'on nous annonce qu'étant européen, je ne vais pas couper aux 1.200 $ de frais d'admission et d'examens à l'hôpital ... en plus de 7 heures d'attente].
En remontant au gîte, la petite dame qui nous avait accueilli est catastrophée de mon état, me propose de prendre une douche bien chaude. Elle va certainement me sauver mes vacances parce que cette douche va me faire un bien fou. En plus, la voiture que nous avions avait la possibilité de faire chauffer les sièges : je vais donc abuser de cela.
Alors bon ... j'ai toujours mal mais au moins, je ne suis pas dans un fauteuil roulant [comme Zolimari l'a beaucoup redouté], on a pu faire tout ce que l'on voulait faire malgré tout et on se souviendra longtemps des baleines de Tadoussac.
Le soir en s'endormant, Zolimari me dit : "Tu sais, Tto, j'ai eu très peur pour toi ce matin. J'ai vraiment eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose."
Mais attends ... c'est que j'suis un highlander moi ... faudra me couper la tête mais là, j'en ai pris plein le dos !
Tto, presque demolition man
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