Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
une vie de tto
23 mars 2007

La dernière goutte d'eau

Il fut un temps où je m'entendais bien, voire très bien avec A. A avait été quelqu'un qui j'avais beaucoup aimé, une sorte de guide dans la brume de mes études finissantes, une trajectoire qui m'avait alors éclairé et redonné confiance dans un avenir que je sentais de moins en moins bien.

Au gré du temps et des clins d'yeux inévitables qui vous renforcent une complicité fortifiée à mesure des jours qui passent, nous avions réussi à lier des relations qui dépassaient le cadre de la vie estudiantine ... je me souviens être allé le voir la veille d'un partiel juste histoire de discuter avec lui, qu'il me redonne un peu confiance ... je savais que nonobstant mon charme ravageur, il n'était pas corruptible. De toute façon, j'avais envie d'autre chose. A était l'un de mes chargés de TD et je l'appréciais beaucoup.

Mon année en poche [avec toutes le péripéties auxquelles il convenait de s'attendre avec moi], je l'avais appelé par la suite pour lui confier mon embarras à accepter le troisième cycle que j'avais, à l'arrachée, réussi à décrocher ... "Mieux vaut un troisième cycle de crochet que pas de troisième cycle du tout", telle était la pensée profonde qu'il m'assena alors ... j'ai suivi son conseil ... je ne l'ai pas regretté. C'est lui aussi qui m'avait encouragé à accepter d'être prof à la fac ... C'est enfin lui qui avait fait passer mon CV pour bosser là où je suis encore d'ailleurs ...

C'est d'ailleurs à la faveur du fait que nous travaillions au même endroit, sur des dossiers connexes ou en binome que nous nous sommes encore plus rapprochés au point que l'on nous appela Heckle et Jeckle ... Lui comme moi avons la langue bien pendue, l'esprit vif, le trait acide et toutes autres joyeusetés qui nous faisaient passer pour de redoutables zozos incontrôlables dans cette boite un peu austère. Nous nous voyions souvent à l'extérieur, pour déjeuner, pour dîner, pour passer le réveillon du 31, pour les anniversaires, pour tout et n'importe quoi ... bref inséparables ! Nous nous sommes lynchés à coups de cadeaux nazes plus ignobles les uns que les autres pendant plus de 18 mois [faites gaffe, à ce jeu là, je suis très fort ... je gagne tout le temps !].

A eut des problèmes de coeur, une rupture ... Tourneboulé par cet événement qui tombait mal dans sa vie, je le soutins longtemps, comme un ami sait le faire [et ça, je peux vous dire que je sais le faire], on a parlé longtemps, je fus le seul à l'aider à déménager lorsqu'il fallut qu'il se résolve à cela [une rocambolesque journée ... mais qu'est ce que j'ai rigolé !], je fus celui avec lequel il aimait converser, s'épancher, se rassurer ... nous avons discuté des heures carrées ... Avec la franchise qui sied à ce type de relations, je lui disais ce que je pensais des orientations nouvelles qu'il prenait, que cette relation toute neuve qu'il nouait avec M [mon autre secrétaire] n'était pas claire, que plusieurs choses me gênaient, que je serai toujours là ...

Et puis du jour au lendemain, sans que je ne comprenne pourquoi ni qu'il ait la considération minimale de me le dire en face, il ne m'a plus parlé. Les ponts furent coupés, brutalement, immédiatement, sans préavis ni alerte. Plus rien, silence radio. Je tentais tout de même de maintenir quelque chose mais non, il fuyait, m'évitait, ne me regardait même plus dans les yeux [les regards fuyants ... j'adore !] et témoignait lorsque nous étions réunis dans une même pièce d'une gène telle qu'il se contraignait à s'éclipser au plus vite ... D'une minute à l'autre, et parce qu'il l'avait décidé pour des raisons obscures sur lesquelles il ne s'est jamais expliqué [ce qui eût été la moindre des politesses], j'étais devenu, sinon un danger, un étranger. Les amis que nous avions en commun m'ont tous demandé ce qu'il s'était passé et pourquoi à eux aussi A ne leur parlait plus ... fataliste, j'ai toujours répondu qu'il avait certainement choisi de changer de vie à la faveur du fait qu'il avait trouvé de nouveaux bras certainement trop hypnotiques.

Depuis deux années, nous ne nous parlons plus et je dois vous dire qu'avec le temps [en considération de mon caractère épouvantablement rigide et surtout parce que je ne supporte pas que l'on me prenne pour un con], je n'ai plus fait aucun effort, le laissant avec ses embarras, ses nouvelles préoccupations de soutien de famille ... Lorsque j'ai appris qu'il allait être papa, j'ai pris sur moi pour lui présenter mes félicitations ... hier, ma secrétaire a été gratifiée d'un mail expéditif et lacunaire nous informant de la naissance du fils de M et A. Elle me l'a fait lire ... je n'ai rien dit.

Je trouve A consternant et pitoyable.

Tto, accablé mais même pas surpris

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité